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Affichage des articles du 2019

Le noël des idéologies passées - Comment faire un succès marxiste au box-office

Le noël des idéologies passées - Recension de "The Age of Surveillance" de Shoshana Zuboff Il n'existe que quelques rares certitudes sur lesquelles on peut réellement compter dans ce bas monde. Nous savons que la terre tourne autour du soleil, que la lune influence les marées, que le printemps reviendra dans quelques mois, et que les auteurs marxistes tenteront toujours de lire les événements de l'actualité avec leur poésie révolutionnaire, sans même comprendre les thèmes abordés, sans même utiliser le jargon scientifique des domaines étudiés. Car eux savent et c'est comme ça que l'histoire fonctionne. On me reproche souvent de me défier des marxistes comme de la peste. De « plaquer mes catégories et mes préjugés sur des choses que je n'ai pas lu. » et de rechercher « des points de vue qui corroborent mon point de vue en me disant ouvert d'esprit ». Or, chaque année je m'évertue de perdre mon temps à cet exercice pénible et fastidieux de lir

Les fonctions de la conscience

Ce qu'on appelle la « conscience » n'est autre que le processus d'itérations nécessaire à la mémorisation, ainsi que la mise en action dans la durée de ce processus. C'est le marquage physique des réseaux neuronaux dans la matière; leur renforcement par des séries d'aller-retours entre l'expérience vécue et l'expérience simulée. Elle fonctionne grâce à des ambiguïtés ontologiques, des anomalies, des demi-vérités, voir de pures mensonges. Ces récits, comme ceux du libre-arbitre libéral ou du péché originel judéo-chrétien, nous permettent de faire sens d'un ensemble d'expériences qui impliquent des échelles de temps différentes, une multitudes de systèmes et réseaux différents, fonctionnant avec leurs propres règles, puis une al-chimie quasi-aléatoire faisant émerger des personnalisations – des exceptions, des singularités, des individus - même jusque chez deux jumeaux identiques avec la même signature vitale – le même ADN. Cette « conscience » est u

De la fragmentation à l'archipellisation de la France

De la fragmentation à l'archipellisation de la France – les nouveaux modes du politique Que cela soit de la bouche des présidents Hollande et Sarkozy, ou de la bouche de certains de leurs ministres de l'intérieur, nous savons aujourd'hui que plusieurs territoires de la république française vivent dans un état de « non-droit » où l'ordre républicain se désiste au profit de l'ordre des caïds locaux. Banditisme, fondamentalisme religieux, regain des particularismes régionaux et du nationalisme corse, partout la France s'agite, en proie aux pires turpitudes, recherchant le récit narratif d'une communauté qui n'existe plus vraiment de nom. Les premiers qui ont vus venir cette fracture l'ont fait dès la période post-mai 68, Christopher Lasch et sa « culture du narcissisme » (1979) et le « désenchantement du monde » (1985) de Marcel Gauchet, pour ne pas les nommer, ont prévu comment un monde mondialisé allait modeler l'individu occidental de dema

Définir la guerre à l'époque des conflits mondialisés

« Les transformations de l'art de la guerre proviennent donc des transformations de la politique. (...) la guerre est un instrument de la politique. Elle en revêt le caractère, elle se mesure à l'aune de celles-ci. C'est la politique elle-même qui assure dans tous ses grands traits la conduite de la guerre, qui échange la plume pour l'épée, mais ne cesse pas pour autant de penser selon ses propres lois. » - (Carl von Clausewitz, De la guerre) Beaucoup s'imaginent à défaut que nous avons vécus ces dernières décennies à l'intérieur d'une sorte de société mondialisée pacifiée par les traités de libre-échange, protégée par la religion droits-de-l'hommiste et ses dérivés sauce onusienne. Chaque nouvelle génération nous a amené son lot de militants vertueux et croyants qui s'époumonent à crier la « révolution des coeurs » à la manière des catholiques universalistes sévissant depuis la controverse de Valladolid. Ce moment où il fût déterminé par l&

Le cabinet de curiosité de Mark Fortier - Une heure à écouter des bobos-du-plateau

Le cabinet de curiosité de Mark Fortier – lire et écouter le récit horrifique de celui qui a lu Mathieu Bock- Côté pendant un an L'ambiance est glauque. La pénombre domine dans la pièce. Un couple d'hommes de l'espèce « bobos-du-plateau » discute au fond, devant des micros et une bibliothèque peu garnie. Il est temps de discuter des malheurs vécus par le sociologue-communicateur nous rappelant un Steve Irwin – paix à son âme - devant un crocodile méchant. Fortier est hésitant mais débute avec une assertion plutôt inusité : 28ième minute du podcast avec Guillaume Wagner (26 novembre 2019, Youtube) :« Ce qui est frappant avec Mathieu Bock-Côté, c'est qu'il utilise les MÊMES MOTS que Maxime Bernier! ». Terrible. Utiliser les mêmes mots qu'une autre personne, c'est terrible. Les mots ont un sens et utiliser les mêmes mots qu'un autre est clairement un signe de « dérapage », si cet autre est « connu » pour des dérapages... comme l'est M

Du progressisme au populisme : l'enclavement des individus par l'idéologie

Du progressisme au populisme : l'enclavement des individus par l'idéologie  C'est durant l'été 2015 que mon intuition se confirme : Donald Trump allait devenir candidat républicain à la présidence, puis président des États-Unis. Les médias ne l'avaient pas vus venir du tout, sûr qu'ils avaient devant eux un candidat impossible. De la même manière, le Brexit et ce qu'on a appelé la « vague populiste » en Europe était « impossible à prévoir » disait-ils en coeur. Depuis, c'est l'hystérie partout et tout le temps. Impossible de tenir des discussions contradictoires sans se faire traiter d'extrémistes de gauche ou de droite. Partout en occident les peuples se révoltent à travers plusieurs modes d'actions politiques : l'abstention cynique, le vote protestataire, le militantisme radical, l'orthodoxie religieuse et l'action violente, voir terroriste. Ces soubresauts de nos démocraties évoquent une réalité qui fait froid dans le dos, car

Les fans de Greta et l'écologie

Les fans de Greta et l'écologie Un énième mois avec des manifestations d'enfants menant un troupeau d'hommes et de femmes de « raison ». Une énième épopée transcendantale pour les strates supérieures de la société, main dans la main par-delà les frontières nationales afin de « conscientiser les gouvernements » à la bonne parole « des scientifiques ». Un énième vendredi avec son égérie robotisée, à prendre des photos pour le climat. Un énième « cri du coeur » pour « vous faire paniquer »; pour « changer les choses »; pour « contrer l'urgence climatique ». Une énième « action symbolique » qui « finalement fera bouger les choses! ». Mais pourquoi rien ne change malgré ce défilé infini de bonnes paroles? Y aurait-il complot du Capital? Du Patriarcat? Des Vilains Hommes Blancs Hétéro-Cissexués? Un coup fourré des Méchants Populistes Misogynes? Se pourrait-il que le Peuple soit derrière cette diabolisation des lulus écologistes de la petite Greta? Évidemment que

Béni soit l'âne qui dit oui

Béni soit l'âne qui dit oui « Mais brusquement s'effreya l'oreille de Zarathoustra, car, pleine jusqu'alors de tumulte et de rire, la caverne d'un coup tomba dans un silence de mort; - or sentait la narine de Zarathoustra une odorante vapeur et fumée consécratoire, comme brûlantes pommes de pin. « Qu'advient-il? Que font-ils? » se demandait Zarathoustra, et vers le seuil se glissa pour observer ses hôtes sans être vu. Mais, prodige des prodiges, que de ses propres yeux ne lui fallut-il voir? « Ils sont tous redevenus pieux , ils prient , ils sont fous! » - dit-il, et sans limite était son étonnement. Et à dire vrai tous ces hommes supérieurs, les deux rois, le pape hors service, le vilain illusionniste, le mendiant volontaire, le voyageur et l'ombre, le vieux devin, le scrupuleux de l'esprit et le plus hideux des hommes, ils étaient tous agenouillés comme des enfants et de vieilles dévotes, et ils adoraient l'âne. Et justement commençait l

La politique lorsqu'on vit dans un comptoir de change

La politique lorsqu'on vit dans un comptoir de change Nous sommes aux portes d'une autre campagne électorale fédérale sans réel enjeu national. Nous regardons cette régionalisation du vote, suivant les fuseaux horaires, un peu ébahis des contradictions évidentes de tous les partis politiques qui se peignent comme environnementalistes et pro-croissance économique en même temps. D'un côté on nous martèle qu'il faut changer, tout en niant de la même manière la spécificité du Canada dans l'économie mondialisée : il est difficile d'assumer que le Canada – et le Québec – soit un comptoir de change pour les intérêts financiers de la planète, sans mettre en péril le futur économique – et donc l'état social québécois – du « Rest of Canada ». C'est dans cette optique précaire que la lecture de « L'état succursale, la démission politique du Québec » du candidat bloquiste Simon-Pierre Savard-Tremblay se trouve être rafraîchissante; il cherche à se posi