Ce qu'on appelle la « conscience » n'est autre que le processus d'itérations nécessaire à
la mémorisation, ainsi que la mise en action dans la durée de ce
processus. C'est le marquage physique des réseaux neuronaux dans la matière; leur renforcement par des séries d'aller-retours entre l'expérience vécue et l'expérience simulée. Elle fonctionne grâce à des ambiguïtés ontologiques,
des anomalies, des demi-vérités, voir de pures mensonges. Ces
récits, comme ceux du libre-arbitre libéral ou du péché originel
judéo-chrétien, nous permettent de faire sens d'un ensemble
d'expériences qui impliquent des échelles de temps différentes,
une multitudes de systèmes et réseaux différents, fonctionnant avec leurs propres règles, puis une
al-chimie quasi-aléatoire faisant émerger des personnalisations –
des exceptions, des singularités, des individus - même jusque chez
deux jumeaux identiques avec la même signature vitale – le même
ADN. Cette « conscience » est un ensemble d'applications;
de capacités cognitives propres à un corps en action - à ce qui
est vivant -, et capable de se projeter dans le temps.
La capacité de
tisser des liens, faire des énumérations, des suites de choses
liées par une idée, une abstraction.
La capacité de
trier et d'enlever les formes, informations et sensations superflues;
dresser une table esthétique.
La capacité à remonter le fil du
temps, suivre la musique, les émotions, la justice, la justesse,
l'équilibre du monde de notre environnement immédiat, comme une
suite de marqueurs d'intensité, comme des bornes dans la nuit, puis d'agir ou non sur ceux-ci.
Ces capacités de
prédiction, de liaison, d'assimilation et de rejet, propre aux réseaux
d'information nous permettent d'émerger comme fulgurance, jusqu'à
un certain point de contrôler ses rythmes internes, ses flux,
fluctuations, son entropie, ses demandes et ses déchets, ses
équilibres vitales. Elle permettent de contrôler ses pulsions
immédiates par la prise de relais d'un centre raisonnable supérieur;
d'analyser des systèmes perceptibles, des structures externes ou
internes, des gains potentiels, des coûts, des pertes, des risques;
de faire ses propres simulations instinctives et raisonnées, à la hauteur de ses
capacités cognitives, ses capacités d'abstraction, sa capacité de
traverser les barrières du temps et des sensations immédiates; de
procéder au marquage des temporalités prioritaires dans le monde
des possibilités.
Mais aussi, ces capacités neuronales font de nous
des systèmes ouverts, attirés par des normes et par les flux
d'autres réseaux ouverts entrant en choc avec nous. Elles font de nous des êtres bio-hackables par l'ensemble des entrées sensorielles imbriquées dans notre matière: les pores de notre peau, l'attention de notre regard, la sensibilité à des odeurs et les émotions transmise par le son, etc. Ces milieux d'échanges sont tellement chaotiques que notre biologie s'est construite avec des centres d'intégrations délocalisés pour répondre à l'ensemble de ces stimuli, car notre réseau central serait surchargé s'il devait lui-même faire ce travail de triage entre le pertinent et ce qui ne l'est pas.
La somme de ces
forces, des courants, de toutes ces cellules du monde, c'est l'univers qui respirent. C'est ce qui traversent la barrière du temps et des sensations immédiates. Que
l'on change d'échelle, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, cette respiration, cette circulation, cette multitude de cycles en
action, est toujours présente et prend les mêmes formes. C'est ce nous appelons l'espace du
temps en action; l'inscription de la vie dans la durée.
La perception de ces
cycles
La perception de
l'humour
La perception de la
beauté
De toutes ces formes
qui se répètent
De la musique du
monde
Des sensations et de la chaleur
De cet ordre élu du
temps
De ses variations entre
les échelles
Sont des modes pour
traverser les catégories du réel, pour créer des objets de
sublimation, d'introspection et de construction du monde
Ce sont les
dimensions de l'existence qui siègent au sein de notre conscience
faite matière
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