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Chroniques du nouvel ordre moral

Chroniques du nouvel ordre moral

Durant toute mon enfance on nous a menti. Les années 90 étaient celles de la fin de l'histoire, de l'homo festivus, de l'effondrement du mur de Berlin et de la victoire de la démocratie libérale. Cette mythologie a amené les gens - les bobos-urbains-éduqués en premier - à se croire invincible, à se croire éternellement jeunes, cosmopolites et mobiles.

On a fait croire aux gens que la "plateforme" de Houellebecq ; cette industrie du sexe, de l'aviation commerciale et du voyage - qui sont, au fond, la même chose, un produit addictif - cette idée de pouvoir être un jour en Afrique, l'autre en Europe et finalement passer la fin de semaine en Amérique du sud, pouvait être industrialisée et marchandisée à hauteur mondiale ET pour toujours.

Ce n'était qu’un mensonge. Pour éviter les conflits, les pandémies et les guerres civiles, il est important non pas de tout restreindre, mais de placer des limites à la mobilité géographique. C'est le retour des frontières jusqu'à ce que nous ayons des bonnes technologies pour instaurer des barrières sanitaires plus efficaces qu'actuellement.

On a fait croire aux gens que le mérite et les diplômes étaient synonymes. Que tout travail est récompensé et que la récompense est méritée. Que les emplois s'obtiennent en déposant son CV et non avec des contacts.

Ce n'était qu’un mensonge. Peu importe ce que vous voulez dans la vie, c'est via les "weak links" – les liens faibles – de votre réseau que vous avez une chance de réussir. Les liens faibles, ce sont : les connaissances de soirées ou de fêtes, des collègues de travail, la belle-famille, des gens avec qui vous êtes allés au secondaire sans être des amis, des amis Facebook, etc. Si on parle d'obtenir un emploi, rencontrer sa future femme ou obtenir l'opportunité d'affaire de votre vie, c'est via ce genre de connaissances que vous avez les meilleures chances d'y arriver. Et c'est pourquoi Facebook démocratise les réseaux sociaux.

On a fait croire aux gens que la couleur de notre peau était le premier indicateur d'inégalités socio-économiques entre deux individus dans une vision aux relents de Jim Crow fantasmée jusqu'au ridicule actuel.

Ce n'était qu’un mensonge. Les trois indicateurs primaires sont : 1) le niveau de scolarité des parents, et atteint par l'individu, 2) le lieu de résidence géographique, jusqu'à l'urbanisme, et 3) le niveau de mobilité physique, permettant par exemple de faire du réseautage en Europe afin de mettre ça sur son CV (et avoir des plugs pour des opportunités x,y,z).

On a fait croire aux gens que les conflits et les guerres, ça a TOUJOURS rapport avec l'idéologie et que si l'Occident retirait ses soldats au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du sud toute la planète allait devenir écologiste, pacifiste et consommateurs à circuits courts.

Ce n'était qu’un mensonge. En fait, nous sommes encore en guerre froide. Les conflits n'ont jamais cessés. Ils se sont complexifiés. Aujourd'hui, l'information et l'influence sont des armes, les médias et les plateformes sociales font parties du champs de bataille, les acteurs sont actifs et passifs sans le savoir. Les dangers de la guerre civile et de l'autoritarisme ne sont pas à prévoir; ce sont des dangers actuels. Une dynamique qui ne permettra pas de retour en arrière. Les dangers des GAFAs, des intersectionnels, du parti communiste chinois et de nos propres gouvernements est devant nous dès maintenant pendant que nous sommes atomisés.

On a fait croire aux gens qu'en délocalisant les usines en Asie - la Chine en premier - en Amérique du sud ou en Europe de l'est, afin de pouvoir acheter des produits de luxe en économisant sur la marge du prix appelée ironiquement "salaire de l'employé", tout le monde allait profiter de ça sur le long terme.

Ce n'était qu’un mensonge. La délocalisation a permis A) la facilité d'acheter des produits de luxe, en échange du B) mode de vie des employés d'industries à qui l'on a demandé d'apprendre à coder et de se soigner avec de l'oxycontin, parce que leur usine était délocalisée en Chine; je parle ici du début de l'épidémie de "morts de désespoir" partout en Amérique, touchant les blancs en premier, mais depuis 2013 les latinos et depuis 2017 les afro-américains.

On a menti aux gens pendant longtemps, et maintenant, lentement, quelques-uns commencent à découvrir que nos médias de masse nous mentent, que notre gouvernement nous ment et que les enseignants qui élèvent vos enfants sont des zélotes qui font du prosélytisme.

La sexualité mise à mal en Occident

Tout d'abord, trois choses:

1) les habitudes sexuelles sont souvent générationnelles,

2) les applications comme Tinder ont modifié notre sexualité à un point non négligeable,

et 3) je suis pudique et prude alors soyez indulgent avec moi quand vous me parlez de votre vie sexuelle en privé.  

Ma génération, les fameux milléniaux qui tuent tout, vit un famine sexuelle. Pour la iGen (nés en 1996 et +), c'est encore pire car la seule chose qu'ils ont vécus comme sexualité, arrivés à 20 ans, ce sont des vidéos de porno hardcore et pour les quelques "chanceux" (et malchanceuses) ils ont pu répéter ce qu'ils ont appris dans leurs vidéos porno sur des pauvres filles qui ne comprennent pas trop pourquoi elles ne mouillent pas quand leur conjoint les pénètre (true story personnelle - mon ex a vécu ça avec trois garçons/hommes avant de me rencontrer).

Je parle de famine sexuelle et les gens vont tout de suite croire que j'exagère à partir de mes expériences personnelles, mais les chiffres ne mentent pas. 1) plus de la moitié des rencontres se produisent sur des applications de rencontre (pour les milléniaux et iGen). 2) Ok cupid avait sorti ses chiffres sur les nouvelles dynamiques sexuelles émergentes via son application et 3) les trouvailles sont validées par des démographes et sociologues comme Nicholas Christakis ou Emmanuel Todd.

Quels sont ces trouvailles?

A) les femmes éduquées sont soit en couple avec un homme éduqué ou socialement en haut de l'échelle ($, pouvoir, influence, hiérarchies, entreprise, beauté, mobilité, éducation, etc) soit célibataires, soit la maîtresse d'un homme socialement en haut de l'échelle.

B) les hommes en bas de la pyramide sociale se sont retirés des milieux éducatifs supérieurs et de la sphère publique afin de jouer à des jeux vidéos. Pour les rares qui ont un emploi, l'emploi est ce qui permet le mode de vie axé sur les jeux vidéos.

C) les femmes peu éduquées ont plus souvent qu'autrement un premier enfant dans la vingtaine, puis entre l'accouchement (des fois avant) et la 30aine, il y a une explosion du foyer; les deux personnes ne sont pas capables de gérer leurs conflits, la femme choisit les allocations de l'état pour mère monoparentale et l'homme choisit le mode de vie adulescent.

Oh et rappelons aux gens que le nombre de mariages, unions civiles et foyers nucléaires sont en baisse partout, avec les milieux socialement en haut de l'échelle qui persistent à vivre dans des foyers à 2 parents. Étrange non?

Ce faisant, nous voyons une divergence au sommet de la pyramide et dans le bas de la pyramide.

Qu'est-ce qui se passe dans les applications comme Tinder? Les femmes pensent avoir le gros bout du bâton, mais sont perdantes sur le long terme. Ah oui?

1) les femmes éduquée pensent qu'elles ont le choix et sur-évaluent leur valeur sur les critères de beauté (les hommes aussi ne chialez pas). Elles croient que, parce qu'elles ont beaucoup de matchs elles sont gagnantes. Mais en fait…

2) aucun individu n'a accès à tout le marché de la sexualité. Il y a un biais de sélection en jeu. Ces femmes choisissent en général (prouvé scientifiquement) des hommes de statut social plus élevé que le leur. Et ce nombre d'hommes en haut de la pyramide est constant - donc il y a une baisse relative si la population augmente.

3) en fait, ces hommes (1-5% des hommes, ceux qui sont en haut) EUX AUSSI ont des tonnes et des tonnes et des tonnes et des tonnes de likes/matchs. Même avec leur photo torse nu de douchebag devant une corvette, les femmes qui disent ne pas sortir avec ça dans leur app... choisissent de liker le gars en chest devant une belle voiture. Et en fait, leur succès est plus grand que celui des femmes en haut de l'échelle sociale.

Alors qu'est-ce qui arrive? Pourquoi autant de belles femmes éduquées méritantes et plein de succès sont seules?

Parce que leur valeur *au sein d'un couple possible* a diminué au même moment que celle de l'homme en haut de la pyramide sociale arrive à son pic de valeur. Alors il choisit plutôt des belles femmes plus jeunes que lui, est déjà en couple ou aura plusieurs partenaires dans son harem digital, pendant que les femmes éduquées qui souhaitent fonder un foyer se retrouvent avec un manque de ressources (le nombre d'hommes éduqués est en baisse et c'est le premier endroit de rencontre, l'université).

Qu’est-ce qui se passe au final?

Le mode de vie Tinder n'avantage que les hommes en haut de l'échelle sociale et les quelques femmes qui ne souhaitent pas avoir d'enfants (testostérone élevée qui souhaitent travailler, construire des entreprises, innover, workaholic, etc).

Pour les femmes dans la moyenne, en matière de beauté et de succès, vous êtes perdantes. Pour les hommes en bas de l'échelle sociale, vous êtes TRÈS perdants. Pour les gens qui sont en-dessous des standards de beauté, vous avez été effacés de la société grâce à ces applications.

Enracinement et atomisation

Mon père est mort l’année dernière en plein dans le second confinement. La dernière chose que je lui ai dit était que je n’avais aucun ressentiment envers lui pour tout ce qui s’est passé entre nous deux. Pour les musulmans, la transition de cette vie à la prochaine est plus difficile si vous n’êtes pas capable de régler vos conflits avec vos proches, vos amis, votre famille. Je lui ai dit que si je vivais quelconque ressentiment, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui. Je me serais auto-détruit bien avant cela.

Son nom était Mohamed Roshdy. Il est né dans le coin de Rabat, Fes, Kenitra, au Maroc, d’une famille très pauvre. Ses parents étaient des bergers et il devait chaque matin parcourir plusieurs kilomètres à pied afin d’aller à l’école. Parfois, il devait se battre avec son père avant de partir, car il adorait apprendre. Avant d’apprendre à lire, écrire et compter, il avait même inventé un langage afin de faire des calculs arithmétiques alors qu’il n’avait même pas six ans.

Quand il était jeune adulte, mon père était militant anti-monarchiste dans un pays violent et autoritaire. Il avait fait des études équivalentes à une technique en génie civile puis il décida d’immigrer au Canada quand son meilleur ami, soldat dans l’armée marocaine, fût reconnu comme un des responsables de la tentative d’attentat contre Hassan II. Il avait très peur pour la suite des choses.

Pour bien s’intégrer dans la société québécoise, mon père a changé son prénom pour Martin Paul Roshdy. Il fût le « premier Mohamed » à travailler sur les barrages hydro-électriques de la Baie James, mais déjà à ce point c’était plutôt fini entre ma mère et lui.

Je n’avais pas quatre ans qu’il a disparu de ma vie pendant 20 ans.

Plutôt que de régler des conflits, par lui-même ou la cour, il décida de m’abandonner et de recommencer une famille avec une Marocaine. Plus facile. Et de toute manière, « ta mère était une bonne mère qui allait t’élever ».

Durant toute mon enfance, j’ai donc vécu la vie du garçon sans père en plus des étiquettes racistes des enfants. Quand je parle de racisme, je sais de quoi je parle. Quand je parle de pauvreté, je sais de quoi je parle. Quand je parle d’atomisation, je sais de quoi je parle. Mon père aussi le savait.

Il adorait le Canada et le Québec, buvait de l’alcool et mangeait du porc. Il invitait presque toujours ses voisins aux soirées qu’il préparait et avait la même grande gueule que j’ai à propos des sujets politiques. Il était de ces gens qui comprennent les difficultés derrière le processus d’immigration dans un pays dont on ne connaît rien et il a travaillé toute sa vie pour ne pas ramener le Maroc, et ses problèmes, au Canada. C’était un Québécois et fier de l’être.

Ce n’est pas parce que vous avez des échecs dans la vie que vous êtes une victime « du système ». Les poètes bobos-urbains-éduqués essaient de vous faire pleurer avec leurs histoires de martyrs-universitaires tandis qu’ils vivent avec deux parents universitaires, en ville et avec un niveau de mobilité jamais atteint dans l’histoire de l’humanité. Les journalistes, profs, étudiants, artistes et politiciens qui vous parlent de racisme systémique le font à partir des positions les plus privilégiées de l’histoire de la vie sur terre. Ils prêchent la victimisation avec une cuillère en or dans la bouche.

La pensée en action et la puissance de l'habitus

Quand j'ai commencé à parler autour de moi de ce que allait avoir l'air 2021, j'ai dit à plusieurs reprises que cette année allait être en quelque sorte l'année 2020 2.0. J'ai pensé à cette image afin de faire évoquer cette bizarre de sensation - que vous commencez à ressentir, vous n'arrêtez pas de me le dire - de revivre les mêmes discussions, les mêmes débats, les mêmes polémiques, les mêmes événements, comme le segment d'une chanson tournant en boucle sur un disque rayé.

Le monde a changé.

Certaines années sont des points de repères dans l'histoire de l'humanité. Les guerres, les révolutions, les catastrophes et les grands moments de gloire sont immortalisés à l'aide de cette ligne du temps imaginaire. Cela permet de nous guider comme l'étoile polaire guide les navigateurs. L'histoire récente nous amène à trois années en particulier : 2001 pour son 11 septembre, 2008 et sa récession, et 2020 et sa pandémie. Ces trois années dressent la table pour le contexte actuel.

Mais le monde a changé.

Oui, le monde tel que nous le connaissions au début du mois de mars de l'année dernière n'existe plus. Nous avons en tant que société à vivre ce deuil.

Le monde a changé

Plutôt que de prendre un pas de recul, s'asseoir et réfléchir sur une nouvelle stratégie à adopter, la fameuse "majorité" vit présentement dans le déni de ce changement. Pis encore, les médias, les artistes, les politiciens et les académiques entretiennent une vision du monde surannée qui cause plus de mal que de bien dans la population.

Nous vivons en Amérique une superposition de crises de santé publique et la pandémie ajoute à ce fardeau.

- La crise de la sexualité touche les milléniaux et les iGen dans des proportions dramatiques. Au point de devoir songer à un programme de réinsertion sociale, mais dans la vie amoureuse. Les jeunes hommes se désocialisent au même rythme où les jeunes femmes apprennent à les démoniser.

- La crise en santé mentale atteint aujourd'hui plus de la moitié de la population. Des chiffres inconcevables en ce qui concerne : le sommeil, la diète, la dépression et/ou l'anxiété, les pensée suicidaires, les "troubles d'adaptation", la surconsommation chronique de drogues ou de médicaments d'ordonnance, les drogues de performance, et les comportements sexuels à risque. Cette crise empire à chaque nouvelle génération.

- La crise de désespoir est une épidémie iatrogénique (induite par les professionnels de la santé); les drogues et médicaments derrière les surdoses accidentelles d'opiacés et/ou d'alcool, le regain de problèmes cardiovasculaires, les suicides et les cirrhoses hépatiques, étaient distribués légalement au départ. La chaîne pharmaceutiques-académiques-lobbyistes-politiciens-assureurs-agences-hôpitaux-médecins est entièrement, à 100%, la responsabilité du début* de l'épidémie de morts de désespoir en Amérique. Cette épidémie est présente chez les blancs depuis les années 80-90, les latinos (2013) et les noirs (2017). De même, elle affectait peu les femmes et les universitaires, mais dans les deux cas cela a changé depuis 2005-10 environ.

- La crise en éducation, à la maison et à l'école. À la maison, les foyers peu éduqués sont à majorité des familles monoparentales, privant ainsi un enfant d'un parent, d'un confident, d'un modèle. À l'école, le ministère de l'éducation, les départements de pédagogie et les enseignants endoctrinent carrément vos enfants avec une proto-religion puritaine centrée sur le fantasme des identités, en plus de les faire se voir comme des victimes ontologiques.

- La crise dans les médias, c'est cette idée bête depuis 2013 de concevoir le journalisme et le débat public comme un lieu de contrôle, de censure et de démonisation de l'adversaire. Le « Trump Derangement Syndrome », l'hystérie covidenne et la réactance des flagellants anti-confinement sont des psychoses sociales générées par les médias dans le cadre d'une guerre psychologique où une multitude d'acteurs projettent leur influence sur la planète en entier.

Dans tous les cas, l'individu se retrouve submergé dans un flux cyclopéen d'informations qui le déséquilibre, lui donne la nausée, et le désoriente.

Comment retrouver le nord dans pareille tempête?

Comment vivre au pied d’un volcan?

La quête de sens est à entreprendre en se concentrant sur soi-même; nos sensations, notre cognition, nos processus d’autogestion du stress, nos habitudes, nos rituels, nos dispositions, nos compétences. Cette prise de conscience permet de trouver les repères en soi et autour de soi : cartographier notre existence, notre environnement, notre habitat, notre milieu, nos réseaux humains, notre écosystème social, nos sources de bien-être et nos sources de douleur, et finalement, cela permet de choisir si les stress sont néfastes ou bénéfiques.

Après la cartographie, c’est le moment de déterminer quels seront les points de pression thérapeutiques sur lesquels vous pouvez et voulez agir : changer d’environnement, d’habitat ou de milieu, abandonner une mauvaise habitude, créer une routine bénéfique. Il n’y a pas dix millions de possibilités car en dehors de ces quelques choix, le monde ne tourne pas autour de vous. Même avec des « safespaces » et des droits universels, vous serez presque seul devant l’adversité.

Il y a quelques années maintenant, j’ai du revenir habiter chez ma mère parce que j’avais accumulé plusieurs pépins de santé qui rendaient ma vie misérable et remplie de ressentiment. J’ai donc commencé par changer d’environnement, puis je me suis mis en course pour résoudre ou adoucir ces pépins de santé. J’ai commencé par le yoga, la diète et la lecture.

Ensuite, j’ai réussi à trouver le bon médicament d’ordonnance qui répondrait à mon problème d’estomac. Finalement, j’ai entrepris le travail que vous suivez ici sur Facebook, sur mon blog, à la radio et sur YouTube, pour certains depuis plusieurs années. Chaque jour, ma routine me rend un peu plus fort, un peu plus fier, un peu plus résilient.

En juillet 2019, j’ai été hospitalisé 20 jours à cause de mon hernie discale (début des douleurs en 2017 – cela a pris plusieurs années à diagnostiquer). Grâce aux routines que j’avais développé et aux nouvelles habitudes que je continue à adopter, je me suis hisser à la situation actuelle qui me permet un peu d’autonomie sans avoir à recevoir des piqûres de cortisone à chaque saison ou devoir subir une opération durant une pandémie (non-recommandé).

Le monde a changé, le monde va mal et vous ne pouvez vous fiez au gouvernement, aux institutions ou à toutes ces corporations pour vous aider à mieux diriger votre vie. C’est vous qui devez apprendre à mieux vivre par vous-mêmes et avec des modèles à suivre. À défaut de quoi, vous ne serez que des serfs.

Tetrapharmakos – le quadruple remède des épicuriens

Les médias sociaux ont cette fâcheuse tendance de déformer le réel un peu de la même manière qu’un badaud rencontrant pour la première fois son auteur favoris. Le média qui transporte les informations – le texte, le ton, le thème, le sens, la poésie, etc – ne peut empêcher les dégâts dus à l’entropie. D’une part, par-dessus le signal se superpose du « bruit », et d’autre part, le signal doit subir cette phase de torture appelée « l’interprétation » de celui qui reçoit le signal. Ces deux causes peuvent être regroupées sous la formule des « malentendus dus aux médias sociaux ».

1) Ne craignez pas les dieux

Quand on me lit sur Facebook ou ailleurs, on ne peut s’empêcher de me faire remarquer de plusieurs manières différentes la « puissance » de la voix; agressive, de mauvaise foi, fulgurante, toxique, opiniâtre, dissidente, courageuse, tête brûlée, et même violente. Dans tous les cas ou presque, les étiquettes utilisées en disent plus long sur l’auteur de la remarque que sur moi.

Quand on prend le temps de me regarder travailler dans mes podcasts ou autour d’une table à débattre, je n’ai jamais reçu la version négative des étiquettes mentionnées plus haut. Parce qu’en fait je suis remplis de bonhomie, je n’aime pas la violence, respecte la plupart des règles de galanterie, suis souriant la plupart du temps et passe le plus clair de mon temps, en dehors du travail, à rigoler avec de l’humour absurde.

En fait, sur Facebook, j’ai pris la décision il y a 10 ans de ne plus m’en faire pour tous ces « dieux » (tyranneaux et censeurs) qui souhaitent policer nos comportements sur ces plateformes. C’est parce que je n’ai à perdre que je me moque des comédiens radio-canadiens. Je n’ai personne à impressionner et rien à vendre d’autre que mes authentiques réflexions et ma capacité à faire de l’éducation populaire.

2) Ne vous inquiétez pas de la mort

Nous allons tous mourir un jour, mais comme disent les épicuriens, la mort est l’absence de sensation, alors tant que vous pouvez ressentir des choses il est inutile de s’en faire de la mort. Sans les sensations, il n’y a pas d’existence qui « fasse sens »; capable de générer un sens à notre vie. Sans souffrance il ne peut y avoir de bien-être, alors tout ce que nous pouvons faire est tendre vers l’ataraxie; tendre vers l’absence de trouble, minimiser ces souffrances et profiter du bonheur avec modération.

Chaque matin je me lève avec le bassin cimenté et chaque soir je me couche avec un dos en compote. Je souffre de douleurs chroniques depuis plus de trois ans, développées à la suite d’une hernie discale et d’arthrite ankylosante. La douleur augmente en fonction de la température et des changements de température brusques, ma capacité à faire des efforts est limitée à 1h à 3h par jours, mon temps de récupération est augmenté et si je voyage en auto trois jours de suite pendant plus d’une heure je commence à avoir des spasmes musculaires. Ma fenêtre avec le moins de douleurs est donc entre midi et 20h le soir.

Comme je suis quelqu’un de rationnel et que je mets mes priorités à la bonne place, j’ai donc mis mon confort en haut de la liste depuis le début des symptômes. Depuis cette époque j’ai incorporé graduellement une série de routines à suivre pendant ma journée.

En me levant, chaque matin, je commence ma journée avec des étirements de yoga et des exercices de musculation. Je prends mes cafés (3-4, c’est un anti-douleur la caféine) et mes deux petits yogourts (estomac), puis je commence ma journée sur les médias sociaux (chroniques, commentaires, recherche, écriture). En début d’après-midi, je vais me préparer mon gros bol de fruits (anti-inflammatoires naturels) et je fais les tâches journalières nécessaires pour entretenir une maison (avec ma mère) comme pelleter la neige, poser les double-fenêtres, changer les poteaux de la clôture, couper les branches mortes, entrer le bois dans la cave, etc. Finalement, à partir de 18h je me laisse souvent la voie libre dans le divertissement. C’est là que ma liste de hobbies infini me permet de presque jamais m’ennuyer.

3) le bonheur est facile à obtenir

Si vous avez les blues et que vous cherchez un sens dans une société sans repère, il est important que vous vous rappeliez chaque jour que le bonheur est facile à obtenir et qu’il n’est pas dans bouts de papiers, les titres ou l’acceptation des autres. Il est en vous.

Prenez une feuille est faites une liste des petits plaisirs de la vie :

Prendre une douche après avoir travailler toute la journée sur le terrain

Faire une sieste en après-midi d’été avec les draps frais et le vent qui entre par la fenêtre

Frotter ses pieds avant de s’endormir

Manger des fruits mûrs, juteux

Fumer un spliff avec un café

Conduire le long de la rivière Richelieu, les fenêtres ouvertes, la musique à fond, en chantant

Courir sous la pluie durant un orage (sans éclair) d’été

Passer la soirée devant un feu de camps avec de la bière, des saucisses et des guimauves

Se faire plaisir une fois par mois avec des sushis, des tapas et une bonne bouteille de vin

Découvrir des choses en voyageant dans le temps et l’espace (lire des livres)

Cette liste de petits plaisirs est sans limite et elle n’implique pas de coûts d’entrée, de risques, d’accidents, de stress. C’est le principe de l’ataraxie en pratique.

4) la souffrance est facile à supporter

Sans la souffrance il est impossible de vivre les sensations de bien-être. Les deux sont liés dans notre corps et notre cognition. La souffrance est facile à supporter parce que notre corps à ses limites. Plus la souffrance est forte en intensité et moins elle durera longtemps (oublions la torture ici – et peut-être aussi les douleurs neuropathiques). Comme nous sommes des êtres antifragiles, les souffrances de la vie ordinaire n’existent que pour nous permettre de construire notre résilience et chaque bonnes habitudes que vous incorporez dans votre routine quotidienne vous permettra d’entretenir votre corps comme on entretient son foyer.

Les médias sociaux ont cette fâcheuse tendance de faire d’ajouter du bruit et distordre l’image projetée par certaines personnes. Malgré tout, quand l’on fait attention au contenu, au format et à la qualité des informations transmises, ces médias sociaux deviennent des endroits de socialisation, de démocratisation des savoirs, en plus de permettre la création de modèles et exemples à suivre. Une société sans repère ne peut que se retourner contre soi-même et sombrer dans le ressentiment, la honte, la colère, l’apathie et le cynisme. Au moins, avec le quadruple remède des épicuriens, il est possible de vivre au pied du volcan, et de le faire avec du panache.


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