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Retour vers le futur, ou la guerre froide 2.0

Retour vers le futur, ou la guerre froide 2.0 

"Les temps difficiles créent des hommes forts, les hommes forts créent des périodes de paix, les périodes de paix créent des hommes faibles, les hommes faibles créent des temps difficiles." – citation attribuée à Ibn Khaldoun. 

Je ne surprendrai personne en mentionnant que toutes les civilisations humaines, pour agir comme communauté, se représentent des visions de l’histoire qui juxtaposent les cultures, les peuples et les religions vivant sur son territoire. Pour les occidentaux, l’avenir se trouve devant lui, à découvrir et explorer dans tous ses recoins, et le passé derrière, perdu de vue, presqu’oublié. Tout à l’opposé, les Chinois vivent cette représentation à l’inverse; le passé structurant le présent devant soi, et le futur, inconnu, se situant derrière soi. Ces deux perspectives du « fait temporel », du temps qui passe, n’est qu’un des nombreux détails culturels qui rendent les sociétés uniques malgré des millénaires de mondialisation. Ces différences dans les « fait sociaux » qui émergent des civilisations ont pourtant été oubliées par l’occident pendant plus de 30 ans. L’histoire de nos temps durs actuels remonte à cet hubris des temps passés, quand, à l’entrée des années 1990, le monde libéral a crié « victoire! » ; quand le mur de Berlin s’est effondré, que la place Tian’anmen s’est remplie de sang et que l’Union Soviétique s’effondrait sous le poids de la liberté. Nous croyions, à l’époque, avoir gagné cette guerre froide et nos intellectuels sabrèrent le champagne. Ils écrivirent alors que la démocratie allait fleurir sur la planète par l’économie de marchés et les traités de libre-échange, l’état de droit et la transparence, la gouvernance et les contre-pouvoirs judiciaires. Certains soutinrent même que les Leprechauns et leurs pots d’or avaient immigrés en Chine et en Russie prêts à être attrapés pour des dividendes juteuses. Et c’est ainsi que nos investisseurs mondialisés créèrent une mythologie d’un monde en pleine ouverture, prêt à devenir UN dans la gloire et la richesse planétaire, à la manière américaine. La fin de l’histoire était arrivée et nous pouvions en créer d’autres, des plus lumineuses et inclusives. 

Comment expliquer l’état du monde actuel, sinon en revisitant les prémisses de cette mythologie « progressiste », visiblement trahie par un monde instable où les tensions entre les acteurs géopolitiques se multiplient partout sur la planète ? Comment parler de la planète, du Canada, du Québec, de nos sociétés, sans partir du constat que nous sommes de retour en guerre froide? Une guerre froide qui se s’est jamais terminée, et qui s’est emballée depuis le début du 21e siècle avec ces nouvelles technologies de l’information qui ont transformées le monde de la guerre, des rapports inter-étatiques et même notre manière de socialiser. Nous devons penser en termes de guerre, percevoir notre ennemi tel qu’il est et acter face à son agression répétée. 

La guerre des civilisations n’aura pas lieu

C’est en général à ce moment qu’un bobo-urbain-éduqué se met à éructer un « t’es fou mec, il n’y a jamais eu aussi peu de morts violentes dans le monde, c’est fini les guerres mondiales! » tel qu’il a été édicté dans la bobosphère en tant que « fait intemporel ». Ainsi, tout ce qui sort de l’éclairage de masse devient suspect et classé dans la section « FAKE NEWS ». 

Peu importe, 

même si les gouvernements chinois et russes annoncent publiquement leur inimitié et leur actes d’agression à l’encontre des intérêts occidentaux… 

même si la Chine et la Russie ont élaborées des doctrines de guerre froide en matière « d’intelligence économique, militaire, technologique, informationnelle et politique », et que ces doctrines de guerre froide sont encore actives aujourd’hui... 

même si les divisions cyber-militaires des services secrets russes et de l’armée populaire de libération chinoise s’attaquent à nos infrastructures chaque jour, sept jours sur sept… 

même si la Chine et la Russie fonctionnent avec des économies opaques, en schémas de Ponzi, fraudant nos économies et extrayant nos propriétés intellectuelles, sans que le capital étranger investi chez eux puissent ressortir… 

même si la Chine et la Russie font des actes d’agression économique et de cyber-piraterie à l’encontre d’entreprises occidentales provoquant des pertes de milliards de dollars… 

même si nous arrêtons leurs espions et que nous savons qu’ils sont derrière les actes de cyber-piraterie à l’encontre d’Equifax, de Nortel et de centaines d'autres entreprises...

même après avoir révélé au monde entier que la 5G de Huawei et des Chinois, ainsi que leur projet d’infrastructures « Belt and Road Initiative » forment les piliers d’une stratégie de domination planétaire formulée il y a deux générations… 

il est encore difficile de faire comprendre aux gens les implications de cette guerre froide 2.0. Certains refusent même d’accepter l’idée, se référant à des influenceurs pour leur fournir leur dose de pensées hebdomadaires. Pour ce qui est des autres, en analysant la montée en puissance du « Tsar » Vladimir Vladimirovich Poutine et du « Chairman » Xi Jinping, ainsi qu’en analysant en détail les événements critiques de cette guerre froide 2.0, entre les années 2001 et 2020, il est possible d’ajouter un nouvel éclairage sur l’état du monde actuel et d’agir pendant qu’il est encore temps. 

Les hommes de Poutine ou « Tinker, Tailor, Soldier, Spy »

La mythologie progressiste a fait de Poutine un agent du KGB médiocre, choisis et mis en place pour continuer le travail de Boris Yeltsin et des libéraux russes, permettant à la Russie de joindre le concert des nations démocratiques. Quand on s’attarde aux événements derrière cette lecture apologétique bobo-urbaine-éduquée, on découvre plutôt un arrière-monde qui fait froid dans le dos. C’est ce que la journaliste Catherine Belton faisait depuis des années, et elle raconte la vraie ascension du Tsar Poutine dans « Putin’s People, How the KGB Took Back Russia and then Took On the West, 2020 ». Un récit sidérant se développant en trois parties. 

Dans la première partie, Belton nous raconte la dislocation de l’URSS, le vol des industries et infrastructures par une classe d’oligarques russes et la carrière de cet agent du KGB positionné dans l’Allemagne de l’Est, avec la Stasi, pour développer des réseaux d’intelligence économique et de vols de technologies. Une carrière qui se poursuit après la chute du mur et, le retrait du KGB, dans cette Russie brisée à Saint-Pétersbourg, son lieu de naissance, où il rassembla ce qu’il restait de ses réseaux pour prendre possession du port de la ville, ainsi que du terminal pétrolier, faire alliance avec la mafia locale, asseoir son influence politiquement et créer un montage de fraude pétrolière pour revitaliser tous les réseaux internationaux du KGB, en latence depuis l’effondrement de leur économie en 1991. Une carrière qui le voit arriver finalement à Moscou, la capitale, où il utilise ses liens avec le KGB pour se positionner comme successeur tiers entre le « clan du KGB » et le « clan des libéraux et des oligarques de Yelstin ». C’est ainsi que, sans savoir que Poutine jouait double en utilisant son influence politique dans les problèmes judiciaires de sa famille, que Yelstin donna le pouvoir à Poutine et au KGB. 

Dans la seconde partie de ce coup d’État sinueux par la police secrète russe, Belton raconte la consolidation du pouvoir du KGB autour du clan de Poutine. C’est à ce moment que l’appareil judiciaire se militarisa et que le futur Tsar déposséda les oligarques russes de toutes leurs richesses accumulées dans les années noires de Yelstin. La vengeance du KGB fût totale et l’opposition de courte durée, symbolisée par les cas de Boris Berezovsky et Mikhail Khodorkovsky qui passèrent par la case « go » sans argent, pour aller directement en prison. Cette « militarisation » de l’appareil judiciaire sera l’outil par excellence de Poutine et elle lui permît de rassembler les grands médias russes, les grandes industries et infrastructures énergétiques et toute la flotte de navires russes, dans les mains de l’État, et donc du KGB. Enfin, le Tsar fût couronné dans une alliance entre la mafia, le KGB, l’Église orthodoxe et les réseaux centenaires de l’aristocratie tsaristes à l’extérieur du pays. 

Dans la dernière partie, nous voyons émerger l’Empire russe éternel et voyons renaître sa capacité de projection de puissance. Avec la force de cet État-continent, le capital économique d’un géant énergétique, une économie opaque, des montages financiers frauduleux, un énorme « obschak » (pot commun/collectif pour utiliser à des fins personnelles ou pour les objectifs du groupe) et des réseaux d’espionnage sur toute la planète, le Tsar et son équipe entreprirent de reprendre le « near abroad » (les pays de la sphère d’influence russe) des griffes occidentales. En se projetant de tout son poids en Ukraine, en Suisse, dans les Balkans, partout où ses pipelines et ses capitaux passent, le nouvel Empire s’est ainsi implanté jusqu’en Angleterre, en France, en Italie, en Hongrie, en Allemagne et tous les petits pays européens. Partout le capital mafieux russe s’est agrippé à des politiciens, des journalistes, agents d’influence, lobbyistes, etc. Partout la projection de puissance russe s’est établie. 

Xi Jinping et le gang des quatre de Hebei

Là où l’idéologie marxiste a complètement été rejetée par le Tsar Poutine et ses hommes du KGB, les Chinois n’ont pas vécus du tout la même trajectoire de l’histoire. Le journaliste Roger Faligot nous décrit cette trajectoire dans « Chinese Spies, From Chairman Mao to Xi Jinping, 2019 », publiée pour la première fois en 2008, mais rééditée l’année dernière avec des nouvelles informations au sujet du parti communiste. 

Le premier volet de la prise de pouvoir du parti communiste chinois débute à la même période que l’a fait la révolution bolchevique en Russie, vers 1917 et durant la seconde guerre mondiale. Pour arriver au pouvoir, les forces communistes durent faire alliance avec le Kuomingtan, force politique d’extrême droite nationaliste et soutenue par l’occident, le temps de la seconde guerre mondiale et de la reprise du territoire chinois des mains de l’ennemi Japonais. La guerre terminée, le parti communiste chinois entra directement en guerre avec tous les symboles de corps étrangers au sein de la société chinois ; les séances « forcées d’auto-critiques », les emprisonnements dans les « laogai » (goulags chinois), les procès staliniens et les purges au sein du parti devinrent les scènes de la vie normale pendant plusieurs générations, avec son moment d’acmé situé au moment de la « révolution culturelle » et du « grand bond en avant » de Mao Zedong, synonyme de dizaines de millions de morts. Le récit de Faligot témoigne d’un lien constant entre les deux régimes marxistes et leurs méthodes. Un lien d’amitié où l’ami chinois prît beaucoup sans donner, et qui mena vers des tensions entre les régimes à certains moments. 

L'histoire de la civilisation chinoise, c’est l’histoire d’une civilisation qui existe depuis des milliers d’années et qui vit selon son rythme de vie, ses traditions, sa culture et ses valeurs. Une civilisation qui a vécue de multiples guerres civiles, par exemple à l’époque des Trois Royaumes (durant notre Antiquité) et qui se réunifia lorsque le Mandat du Ciel se trouva incarné par une force politique divine, victorieuse, capable de faire resplendir l’éclat de l’Empire du Milieu. Autrefois, cette figure politique était l’Empereur et sa dynastie, aujourd’hui, c’est le parti communiste chinois qui porte ce Mandat sur ses épaules. Cela sous-entend que le pouvoir totalitaire du parti communiste chinois ne se fonde pas sur un état de droit mais sur la vérité du parti.

Le second volet de la reconstitution de l’Empire du Milieu s’ouvre au deuxième millénaire, avec la prise du pouvoir par Jiang Zemin et la « clique de Shanghai », succédant au « très grand libéral » Deng Xiaoping. Durant cette période, le parti communiste chinois consolide sa puissance et poursuit la stratégie des « deep fishes » (poissons d’eau profonde) de Xiaoping afin d’industrialiser l’intelligence économique, la guerre commerciale et les actes de piraterie numériques par le régime à l’endroit du reste de la planète. Ces « poissons d’eau profondes », ces agents pseudo-officiels du régime, ce sont les journalistes, étudiants, immigrants, académiques chinois, hong kongais et taïwanais qui sont téléguidés (et forcés par des pressions sociales ou sur la famille) par le parti communiste chinois dans le cadre d’une stratégie concertée de vols d’informations, de propriétés intellectuels, de vols de technologies, de prises commerciales hostiles, ainsi que les entreprises d’intimidation des individus qui critiquent le parti communiste chinois (ou refusent d'agir pour le parti) sur des sujets comme : 1) la secte Falun Gong, 2) l’indépendance de Taïwan, 3) la persécution des Tibétains, 4) la persécution des Ouïghours et 5) les mouvements pro-démocratie à Hong Kong ou en Chine. Finalement, Cette stratégie permît au régime de graisser la patte aux élites occidentales durant des décennies… sans promesse de pouvoir voir, un jour, le capital investi en Chine sortir du pays… 

Le dernier volet de la tragédie vient avec les nouvelles technologies de l’information, la prise du pouvoir par Xi Jinping et ses proches de la province de Hebei, et la mise en marche de la dernière étape avant la domination planétaire par le régime. La stratégie du « lamproie », privilégiée par le parti communiste jusqu’à la prise du pouvoir par Jinping, impliquait de se nourrir de l’environnement, donc chez les « alliés » russes et occidentaux, pour engraisser et lentement prendre en puissance, tout en assumant la posture de la victime faible. Mais maintenant que la Chine a développée ses entreprises numériques BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), à l’image des GAFAMs (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) américaines, et qu’elle a militarisée l’intelligence économique, technologique, commerciale et politique, elle peut désormais projeter sa puissance vers l’extérieure via deux projets d’infrastructures qui forment le socle de la tentative de coup d’état planétaire par le parti : A) la technologie 5G de Huawei et B) la « Belt and Road Initiative ». 

Espionnage, intelligence économique, cyber-piraterie, guerre commerciale et déstabilisation politique

Si vous demandez à un officier de l'armée « qu’est-ce qu’il y a de plus important à la guerre pour réussir une opération militaire? », il vous dira « la qualité des informations sur l’ennemi et le champs de bataille ». Si vous demandez à un physicien « qu'est-ce que c’est que des bits de données et des bigs datas ?» , il vous dira que c’est notre manière de quantifier des « informations ». Si vous demandez à un « hacker », un pirate informatique, « qu’est-ce qu’il peut faire avec ces big datas ? », ces gros tas gigantesques de données recrachées par tous nos réseaux numériques partout autour de nous, de manière ininterrompue et permettant à nos infrastructures critiques de fonctionner, il vous répondra qu’avec quelques milliers de lignes de codes, beaucoup de puissance de calcul (des ordinateurs puissants) et des experts pour analyser les données recueillies, il peut provoquer des dégâts plus grand que les bombes Hiroshima et Nagazaki. 

« Pardon monsieur? » 

Le facteur de puissance des technologies de l’information change d’échelle en fonction de la capacité de calcul et des infrastructures. Cela veut dire, d’une part, que les entreprises comme les GAFAMs, qui ont des puissances de calcul gigantesques, engrangent des profits avec des marges de profits incomparables aux petites et moyennes entreprises, et d’autres part, que les capacités militaires des outils numériques sont du même ordre de grandeur, sinon plus encore. Plus besoin d’armées de conscrits avec des fusils en 2020 ou presque (les forces spéciales et divisions mobiles seront toujours utiles) quand vous avez une stratégie géopolitique qui utilise ces nouveaux outils numériques. 

Dans « The Hacker and the State, Cyber Attacks and the New Normal of Geopolitics, 2020 » Ben Buchanan fait une longue analyse de cette réalité guerrière en délimitant les règles de ce Grand Jeu 2.0 de l’espionnage, tel qu’on peut les voir; imprécises, grises, mais très puissantes, en décortiquant les actes de piraterie informatiques les plus connus des années 2000-2019. Il nous parle ainsi des cyber-attaques américaines à l’endroit des centrifugeuses iraniennes censées enrichir l’uranium pour le développement de leur potentiel nucléaire, ou des Israéliens contre les installations pétrolières saoudiennes de la compagnie Aramco, mais aussi de « l’opération Aurora », l’opération de l’armée populaire de libération chinoise derrière les vols technologies à l’étranger, valant des centaines de milliards de dollars, ou encore le « Pearl Harbor Ukrainien » de 2017, le « hack » appelé Not Petya, responsable de pertes économiques en Ukraine (et sur toute la planète) de plusieurs dizaines de milliards de dollars (toutes les entreprises ukrainiennes touchées, mais aussi les compagnies étrangères traitant avec les entreprises ukrainiennes ont été affectées). 


Les technologies de l’information et la fin de l’empire soviétique nous ont fait croire que la planète avait été pacifiée et que la société des loisirs veillerait au bien-être des individus. En 2015, le rythme des affaires sembla suspendu suite au séisme populiste des sociétés occidentales. La mondialisation heureuse ne l’était pas pour tous et la grogne populaire rappelait à l’ordre les élites encore capable de sens commun. La pandémie de SARS-CoV-2 et les mensonges du régime communiste chinois sonnèrent la fin de cette bonne foi de l’occident. Il y a 5 semaines, le 23 juillet 2020, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a acté de manière historique le réalignement de la stratégie géopolitique américaine pour ramener le gouvernement américain vers l’attitude dominante durant la guerre froide avec le régime soviétique. Cela veut dire que le gouvernement américain ne traite plus avec les prises de position publique du parti communiste chinois, mais en fonction des gestes, des comportements et des actions posés par les agents du parti communiste chinois. Ce réalignement géostratégique suit un resserrement des liens économiques avec l’Inde et tous les pays de la région qui sont terrorisés par la Chine, et une lente séparation des économies chinoises et américaines. Avant de savoir si l’administration Trump et le « Deep State » (État profond) américain seront capables de renverser la tendance des dernières années il faudra que Donald Trump réussisse à mettre hors combat le parti démocrate, Joe Biden, et tous ces militants intersectionnels qui ont fomentés la révolte et le chaos sociale des trois derniers mois; ces 32 morts, ces milliers d’entreprises pillées, brûlées et détruites, ces jeunesses totalitaires marxistes de Black Lives Matter et Antifa et leurs pratiques de censure, intimidation et racket à l’endroit des commerces locaux. Avant de pouvoir répondre à la menace, il faut assurer l'autorité et la sécurité chez soi, puis, ouvrir les yeux de ceux qui croient encore au millénarisme démocratique de l'économie libérale anglo-saxonne.

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