« Real
power is fear »
Essai sur la présidence de Donald Trump
Dès
le 9 novembre 2016, au lendemain de l'élection de Donald Trump, je
voyais en celui-ci la figure probable d'un leader de masse rappelant
les descriptions d'Hannah Arendt à l'intérieur de son célèbre
ouvrage « Les origines du totalitarisme ». Pourtant, ses
frasques médiatiques rappelait plutôt Charlie Chaplin dans « The
Dictator », que les portraits de Staline, Lénine et Hitler...
Il m'était impossible de nommer la bête médiatique avant de mieux la
connaître; avant de juger, voir de l'intérieur et dans la durée
les manifestations d'usage du pouvoir de cette figure que beaucoup
décrivent comme étant indescriptible dans son essence.
C'est
la semaine dernière que mon souhait s'est exaucé; l'ouvrage de Bob
Woodward, « Fear », sort sur les tablettes. Le livre rend
compte de la première année de mandat de Donald Trump et fournit
ainsi la matière première nécessaire à l'étude de ce personnage
politique mise en face des conclusions d'Arendt.
Pour
décrire le « mouvement totalitaire » comme entité
historique et politique, Arendt utilise trois figures importantes :
la figure du Chef; ensuite la structure du pouvoir totalitaire; et
finalement l'environnement immédiat du Chef, le « cercle
intérieur des initiés ». L'ouvrage de Woodward permet de
sonder ces thèmes en profondeur à travers une quarantaine de scènes
éparpillées, allant du moment où Steve Bannon sauve la campagne
présidentielle jusqu'au mois de février dernier.
Le
constat est troublant.
« Commander
in Chief »
« La
tâche suprême du Chef est d'incarner la double fonction qui
caractérise toutes les couches du mouvement – d'agir comme le
défenseur magique du mouvement contre le monde extérieur; et, en
même temps, d'être le pont qui relie le mouvement à celui-ci. Le
Chef représente le mouvement d'une façon complètement différente
de tous les dirigeants ordinaires de partis; il revendique
personnellement la responsabilité de tous les actes, faits ou
méfaits commis par n'importe quel membre ou fonctionnaire dans
l'exercice de ses fonctions. Cette responsabilité totale constitue,
sur le plan de l'organisation, l'aspect le plus important de ce qu'on
appelle le principe du Chef, selon lequel chacun des cadres, non
content d'être nommé par le Chef, en est la vivant incarnation, et
chacun des ordres est censé émaner de cette unique source toujours
présente. » - Les origines du totalitarisme, le mouvement
totalitaire.
« Trump
gave some advice to a friend who had acknowledge some bad behavior
toward women. Real power is fear. It's all about strenght. Never show
weakness. You've always got to be strong. Don't be bullied. There is
no choice.
''You've
got to deny, deny, deny and push back on these women,'' he said. ''If
you admit to anything and any culpability, then you're dead. That was
a big mistake you made. You didn't come out guns blazing and just
challenge them. You showed weakness. You've got to be strong. You've
got to be aggressive. You've got to push back hard. You've got to
deny anything that's said about you. Never admit. » - Fear, p
175.
« Priebus
(Reince, former chief of staff), Porter and others continued to try
to persuade Trump to curtail his use of Twitter.
''This
is my megaphone,'' Trump replied. ''This is the way that I speak
directly to the people without any filter. Cut through the noise. Cut
through the fake news. That the only way I have to communicate. I
have tens of millions of followers. This is bigger than cable news. I
go out and give a speech and it's covered by CNN and nobody's
watching, nobody cares. I tweet something and it's my megaphone to
the world.''
« ''Going
bananas'' was the term Priebus used to describe Trump early on the
morning of Thursday, June 29. Trump had aimed a pair of pre-6:00 a.m.
tweets at the MSNBC cable show Morning Joe, starring former
Republican congressman Joe Scarborough and his partner, Mika
Brezinski.
The
two had been friendly and even supportive of Trump early in the
presidential campaign, and Trump had called in the show regularly
during the primaries, but they were now regular detractors. Trump's
tweet said, ''How come low I.Q. Crazy Mike along with Psycho Joe come
to Mar-a-Lago 3 nights in a row around New Year's Eve, and insisted on
joining me. She was bleeding badly from a face-lift.''
About
10:15 a.m. Trump was in the Oval Office reading the newspaper when
Priebus walked in.
''I
know what you are going to say,'' Trump said as Priebus crossed the
threshold. ''It's not presidential. And guess what? I know it. But I
had to do it anyway.'' » - Fear, p. 205.
« The
public never learned the full story of the risks that Trump and North
Korean leader Kim Jong Un took as they engaged in a public battle of
words. (...)
The
answer on North Korea was to scare Kim Jung Un. ''He's a bully,''
Trump told Porter. ''He's a tough guy. The way to deal with those
people is by being tough. And I'm going to intimidate him and I'm
going to outfox him.''
That
evening, Trump sent a taunting, mine-is-bigger-than-yours tweet that
shook the White House and the diplomatic community : ''North
Korean Leader Kim Jung Un just stated that the Nuclear Button is on
his desk at all times,'' Trump wrote on Twitter at 7:49 p.m. ''Will
someone from his depleted and food starved regime please inform him
that I too have a Nuclear Button, but it is much bigger & more
powerful one than his, and my Button works!''
It
played on Kim's insecurities. In the last six years, 18 of Kim's 86
missiles tests had failed, according to the Center for
Non-proliferation Studies.
The
president of the United States was practicing a scene out of Dr.
Strangelove. The internet lost its collective mind. » - Fear,
pp. 300-301.
Ce
que l'on voit, à travers les scènes du livre de Woodward, c'est le
portrait d'un homme isolé, un Chef, qui s'est construit une
personnalité autour de la marque Trump. C'est un gagnant qui croit
dur comme fer et jusqu'à l'obsession, que « Real power is
fear »; le vrai pouvoir c'est la peur. C'est un président qui
croit que le seul enjeu politique est la domination totale de
l'adversaire et qui voit l'armée américaine comme une armée
mercenaire devant être payée pour sa protection.
Avec
son utilisation de Twitter pour communiquer des décisions, annoncer
des politiques, engager ou virer du personnel, insulter ou intimider
des leaders internationaux et des vedettes, il court-circuite les
chaînes de commandement et les hiérarchies bureaucratiques du
gouvernement et de son administration. La chaos et la confusion
règnent à la Maison Blanche et dans les chambres depuis plus d'un
an déjà car ce fil Twitter est devenu l'incarnation de la Parole du
Chef; la manifestation fluctuante d'un pouvoir aux commandes de la
première puissance mondiale. Une parole variant selon ses séances
de « binge watching » de débats télévisés sur CNN,
MSNBC, FOX ou selon ses obsessions militantes du moment. Une parole
incapable de planifier à l'avance des politiques et qui entre
directement en conflit avec toutes les structures, institutions et
contre-pouvoirs de l'appareil gouvernemental. C'est un homme qui a
entrepris un assaut frontal pour démanteler le plus de lieux de
pouvoir formels possible pour que la parole du Chef prenne le relais.
« Drain
the swamp » criaient ses militants durant la campagne.
L'utilisation
du pouvoir par la marque Trump se distingue d'une seconde manière :
sa capacité à toujours improviser, manipuler, mentir et baratiner
au point de confondre totalement l'opinion publique et toute personne
dans son entourage immédiat. Woodward confirme par la voix de Porter
: « He conveyed the belief that improvising was his strenght. He
could read a situation. Or a room. Or the moment as he had during the
presidential campaign. (...) He acted like doing too much advance
preparation would diminish his skills in improvising. He did not want
to be derailed by forthought. As if a plan would take away his power,
his sixth sense. ». Chaque situation varie ainsi selon le
rapport amicale ou de domination entretenu entre Trump et son
vis-à-vis d'une part, et par l'opinion des médias sur son vis-à-vis
d'autre part.
De
même, à plusieurs moments, l'utilisation de Twitter par le
président fût une manière d'attirer l'attention des médias
ailleurs que sur l'enquête du procureur spécial Robert Mueller.
Comme Woodward le rapporte : « The Trump attacks on
Sessions (Jeff, Attorney General of the United States, nommé par
Trump) subsided for a while. It was a sideshow, a diversion. He did
believe Sessions had failed him, though, so it was a diversion with
conviction. », Trump utilise Twitter dans son intérêt
personnel comme outils de pouvoir et pour faire régner un climat de
confusion dans l'opinion publique. Une arme qu'il contrôle avec le
soutien implicite – le relais – des grands médias. Que
voulez-vous, le buzz Trump, ça fait vendre du papier!
En
somme, ce portrait du commandant en Chef, qu'il nous est possible de
tracer après la lecture de « Fear », c'est celui d'un
homme élu démocratiquement par un système électoral sclérosé,
porté au pouvoir par les grands médias de masse qui l'ont
sous-estimés et qui est désormais en constante confrontation avec
tous les lieux de pouvoirs sortant de son champs de vision immédiat.
En conflit avec toutes les personnes qui ne sont pas « 100
percent » de son côté. Du côté de sa prési-personne. Sur
ce sujet, Woodward évoque une rencontre entre Lindsey Graham,
sénateur républicain et représentant du sénat, et le président :
« Trump
seemed to love the adulation but said to Graham, ''You're a
middle-of-the-road guy. I want you to be 100 percent for
Trump.''(...)
''Okay,
what's the issue? Graham asked, ''and I'll tell you whether I'm 100
percent for you or not.''
''You're
like 82 percent,'' Trump said.
''Well,
some days I'm 100 percent. Some days I may be zero.''
''I
want you to be a 100 percent guy.''
'Why
would you want me to tell you you're right when I think you're wrong?
What good does that do for you or me? Graham asked. ''Presidents
need people that can tell them the truth as they see it. It's up to
you to see if I'm full of shit.»
Il
est impossible de ne pas voir dans cet échange une confusion entre
les intérêts de la présidence Trump et les intérêts de la
personne privée Donald Trump. Confusion qui est maintenue dans
l'opinion publique et qui s'additionne au chaos dans les appareils
gouvernementaux où se situe l'autorité du Président. Ces deux
phénomènes forment un environnement parfait pour les fonctionnaires
et membres des populaces cyniques attirés par le pouvoir. Pour faire
le saut dans ce cercle des initiés et atteindre ces nouveaux lieux
de pouvoirs, il ne suffit que d'un serment de loyauté totale
rappelant ceux des sociétés secrètes; un des modèles des
organisations totalitaires selon Arendt.
Les
obsessions de Trump
« Ce
mélange de crédulité et de cynisme avait caractérisé la
mentalité de la populace avant de devenir un phénomène quotidien
chez les masses. Dans un monde toujours changeant et
incompréhensible, les masses avaient atteint le point où elles
croyaient simultanément tout et rien, où elles pensaient que tout
était possible et que rien n'était vrai. (...) La propagande de
masse découvrit que son auditoire était prêt à tout moment à
croire le pire, quelle qu'en fût l'absurdité, et de toute manière,
tout affirmation était mensongère. Les leaders de masse
totalitaires fondèrent leur propagande sur le principe
psychologiquement exact que, dans de telles conditions, on pouvait
faire croire aux gens les déclarations les plus fantastiques un
jour, et être sûr que, si le lendemain on leur donnait la preuve
irréfutable de leur fausseté, ils se réfugieraient dans le
cynisme; au lieu d'abandonner les chefs qui leur avaient menti, ils
protesteraient qu'ils avaient toujours su que la déclaration était
mensongère, et admireraient les chefs pour leur intelligence
tactique supérieure. » - Les origines du totalitarisme, le
mouvement totalitaire.
« Having
failed in efforts to control or curtail the president's tweeting,
Priebus searched for a way to have practical impact. Since the tweets
were often triggered by the obssessive TV watching, he looked for
ways to shut off the television. But television was Trump's default
activity. Sunday nights were oftern the worst. Trump would come back
to the White Houde from the weekend at one of his golf resorts just
in time to catch politcal talk on his enemy networks, MSNBC and CNN.
The
president and the first lady had separate bedrooms in the residence.
Trump had a giant TV going much of the time, alone in his bedroom
with the clicker, the TiVo and his Twitter account. Priebus called
the presidential bedroom ''tthe devil's workshop'' and the early
mornings and dangerous Sunday nights ''the witching hour''.
There
was not much he could do about the mornings, but he had some control
over the weekend schedule. He started scheduling Trump's Sunday
return to the White House later in the afternoon. Trump would get to
the White House just before 9 p.m. when MSNBC and CNN generally
turned to softer programming that did not focus on the immidiate
political controversies and Trump's inevitable role in them. »
- Fear, p. 195.
Pour
comprendre la présidence de Trump, Woodward nous fournis une second
pièce du puzzle avec son emploi du temps quotidien. Ce que cet
horaire nous permet de constater, c'est qu'il est obsédé par
l'opinion publique et surtout obsédé par la manière dont les
médias parlent de sa présidence. Il est obsédé par le fait de
« gagner » et dominer ses échanges, il souhaite
constamment recevoir un soutien indéfectible de tous ceux qui
travaillent pour lui ou sa présidence et est affecté
personnellement par la couverture positive ou négative de chaque
politique publique signée ou chaque scandale qui traverse son champs
de vision. Toute représentation qui le dépeint de manière négative
ou qui remet en doute sa position de Chef devient une insulte
demandant une réponse.
Les
« obsessions normales » de « Trump le militant »
regroupent des sujets comme : le traité nucléaire iranien jugé
trop laxiste, la réforme fiscale plus avantageuse pour les
entreprises pour ramener les sièges sociaux sur le territoire, la
balance fiscale fortement en désavantage pour les Américains face à
ses alliés, l'inutilité de l'OTAN et la « juste part »
du 2% demandée aux Européens, l'intimidation du dictateur
nord-coréen Kim Jong Un pour le casser et faire la paix,
l'intimidation des sud-coréens qui devraient payer les installations
du bouclier anti-missiles américain sur leur sol, la renégociation
du traité de libre-échange avec l'Union Européenne, la
renégociation du Partenariat Trans-Pacifique, la guerre syrienne et
plus spécifiquement l'usage d'armes chimiques par le régime de
Bachar al-Assad, son rapport d'amitié avec le président chinois Xi
Jinping, le retrait des troupes américaines en Afghanistan et le
phénomène de chaîne migratoire sur la frontière sud du pays.
Chaque fois qu'un « trigger » capte son attention sur un
de ces thèmes, le président devient un militant prêt à signer
n'importe quoi dans l'heure. À certaines occasions, ses employés
ont volés des documents sur son bureau tellement ils étaient
dangereux selon eux pour « l'intérêt national ».
D'autres fois, les membres de son administration se sont retrouvés
mis en scène comme dans des duels par celui-ci; mis en confrontation
avec un contradicteur qui soutient la perspective du président.
Si
c'en était que de ces obsessions, la présidence de Trump serait assez prévisible. Malheureusement pour ses employés, il y a une obsession qui sort
du lot : l'enquête du procureur Mueller. À
chaque nouveau rebondissement de cette affaire, Trump perd
complètement les pédales au point d'être incapable de suivre les
meetings de la journée. Sur les deux jours entourant le moment où
Mueller est nommé procureur spécial dans l'enqûete sur l'ingérence
russe durant la campagne présidentielle, Woodward écrit :
«Trump
could not focus on much anything else. Meetings were canceled and
parts of the day eventually scrapped.
Porter
had never seen Trump so visibly disturbed. He knew Trump was a
narcissist who saw everything in terms of its impact on him. But
the hours of raging reminded Porter of what he had read about
Nixon's final days in office – praying, pounding the carpet,
talking to pictures of past presidents on the walls. Trump's
behavior was now in the paranoid territory. »
Ainsi,
ce que l'on peut comprendre des obsessions de Trump est sans appel :
ce qui attire son attention devient possiblement un enjeu de sécurité
national. L'amalgame entre sa présidence et sa personne, entre la
parole du Chef et l'autorité exécutive de l'homme le plus puissant
du monde déstabilise totalement la Maison Blanche en plus de
déstabiliser son équilibre émotionnel et psychologique au point de le rendre inopérant.
Le
cercles des initiés
« Au
centre du mouvement, tel le moteur qui lui donne l'impulsion, se
trouve le Chef. Il est coupé de la formation d'élite par le cercle
intérieur des initiés qui répandent autour de lui une aura de
mystère impénétrable correspondant à sa « prépondérance
intangible ». Sa position à l'intérieur de ce cercle intime
dépend de son habileté à ourdir des intrigues parmi ses membres et
de son adresse à changer sans cesse de personnel. Il doit son
ascension au sommet à son extrême habileté à manipuler les luttes
de pouvoir internes du parti, plutôt qu'à des qualités de
démagogie ou d'organisation bureaucratique. Il se distingue des
types antérieurs de dictateur en ce qu'il l'emporte rarement par la
simple violence.»
« La
machine qui produit, organise et répand les faussetés monstrueuses
des mouvements totaltiaires dépend encore de la position du Chef. À
l'affirmation de la propagande, selon laquelle tous les événements
sont scientifiquement prévisibles selon les lois de la nature ou de
l'Économie, l'organisation totalitaire ajoute la position d'un homme
unique qui a monopolisé cette connaissance et dont la principale
qualité est qu' « il a toujours eu raison et qu'il aura
toujours raison ». » - Les origines du totalitarisme, le
mouvement totalitaire, Hannah Arendt
« Nearly
all economists disagreed with Trump, but he found an academic
economist who hated free trade as much as he did. He brought him to
the White House as both director of trade and industrial policy and
director of the National Trade Council. Peter Navarro was a
67-years-old Harvard PhD in economics. ''This is the president's
vision,'' Navarro publicly said. '' My function really as an
economist is to try to provide the underlying analytics that confirm
his intuition. And his intuition is always right in these matters.''
- Fear, pp. 134-135.
« Kelly
(John, nouveau Chief of staff) concluded that Peter Navarro was the
problem. Navarro would get into the Oval Office and spin Trump up on
the trade deficits. Since he was preaching to the converted, Trump
would soon be in full activist mode, declaring, I will sign today.
Cohn
(Gary, director of the National Economic Council) took every chance
he could get to tell Kelly how Navarro was an absolute disaster. Get
rid of him, Cohn argued, fire him. This place is never going to work
as long as he is around.
Kelly
asked Porter (Rob, staff secretary) for his opinion. ''The current
status quo is unsustainable,'' Porter said. ''I don't think you can
get rid of Peter. Because the president loves him. He'd never allow
for that.'' You can't promote Navarro, like he wants, because that
would be absurd. ''Peter needs to be responsible to someone, other
than feeling like he's got a direct report to the president. A lot of
times I'm able to block him.''
Kell
decided he was going to assert control, and called a meeting of the
combatants for September 26. It was like a duel. Navarro was allowed
to bring in a second and he chose Stephen Miller (conseiller
politique et auteur de discours durant la campagne de Trump). Cohn
brought Porter.
Navarro
started off arguing that during the campaign he was promised to be an
assistant to the president. Now he was only a deputy assistant. This
is betrayal. He said he couldn't believe it had lasted this long. He
had talked to the president, who did not really know the difference
between an assistant to the president and a deputy assistant. The
president thought special assistant sounded a lot better, not
realizing it was an even lower position.
Navarro
said that the president had told him he could have whatever title and
reporting structure he wanted. He and his Trade Council represented
the American worker, the manufacturing base, the forgotten man.
''Peter's
out there going rogue, '' Cohn responded. ''He's creating these
problems. He's telling the president lies. He's totally unchecked.
He's the source of all the chaos in this building.''
''Gary
doesn't know what he is talking about,'' Navarro replied. ''Gary's
just a globalist. He's not loyal to the president.'' And Porter was
always fiddling with the process and manipulating to delay everything
so Navarro couldn't get in to see the president.
''All
right,'' Kelly said. ''I can't deal with this anymore. Peter, you're
going to be a member of the National Economic Council, and you're
going to report to Gary. And that's just how it's going to be. And if
you don't like it, you can quit. Meeting's over.''
''I
want to appeal this,'' Navarro said. ''I want to talk to the
president.''
''You're
not talking to the president,'' Kelly said. ''Get out of my office.''
Months
went by. ''Where the hell is my Peter?'' the president asked one day.
''I haven't talked to Peter Navarro in two months.'' But, as was
ofter the case, he did not follow up. » - Fear, pp. 277-278.
La
dernière pièce du casse-tête présidentiel, c'est l'importance du
cercle initié à la personne de Donald Trump. Cela regroupe tous les
réseaux permettant un accès direct à la personne du Président
Trump; un accès au militant politique le puissant au monde, à la
tête de l'armée la plus puissante au monde et toujours prêt à
avoir une victoire. À ce propos, Woodward évoque une discussion
avec l'ancien « chief of staff » Reince Priebus :
« These
were people who had no experience in government, an astonishingly
common distinguishing characteristic. They had spent their lives
dabbling in political opinions and in policy debates or were too
young.
In
some ways, these four – Ivanka, Jared, Conway and Bannon – had
the same modus operandi. ''They walk into the West Wing. You're not
puttin your weapon down,'' Priebus said. ''I'm not either.'' Their
discussions were not designed to persuade but, like their president,
to win – to slay, crush and demean.
''If
you have natural predators at the table,'' Priebus said, ''things
don't move.'' So the White House was not leading on key issues like
health care and tax reform. Foreign policy was not coherent and
often contradictory.
''Why?''
asked Priebus. ''Because when you put a snake and a rat and a falcon
and a rabbit and a shark and a seal in a zoo without walls, things
start getting nasty and bloody. That's what happens.'' »
D'une
certaine manière, la famille Trump et ses proches collaborateurs sont devenues les
« power-brokers » les plus puissants du monde. Certains
ont été remplacés après service rendue, d'autres se sont carrément enfuis à cause
des dilemmes moraux et de la pression auxquels ils étaient
confrontés de manière journalière.
En
plus de prendre toutes les décisions finales, le Chef doit aussi
noter le travail de ses employés et faire des choix de gestion du
personnel sinon le chef du personnel accumulerait trop
de pouvoir. Ainsi, chaque employés et chaque personne initiée à la présence de Trump a une « jauge de sympathie »
qui est épuisable. Pour chaque fois où l'employé apparaît comme
faible ou inefficace du point de vue de Trump ou des médias, c'est
lui qui paraît faible et il ne peut permettre cela que jusqu'à un
certain point. C'est ainsi que plusieurs ont appris avec stupéfaction
sur Twitter qu'ils avaient perdu leur poste au profit d'une autre
personne qui à son tour apprenait au même moment qu'elle était promue. Ce
roulement de personnel constant fait en sorte de donner encore plus
de pouvoir au cercle intime : sa famille, ses plus proches
collaborateurs en retrait et ses plus puissants zaelots politiques.
Comme
l'évoque Woodward, ce ne sont pas ceux qui avaient l'accès direct
et constant à l'oreille du Président, comme Kelly, Priebus et
Bannon, qui avaient le plus de pouvoir, mais ceux qui ont gravité
tout autour de ces personnages et qui ont survécus aux diverses
purges... jusqu'à présent. Le jeu constant de chaise musicale, la
pression, les intrigues, les jeux de mémos, la modification des
meetings, le vol de documents, la manipulation détaillée de l'accès
au Président, les tactiques de délai et toutes les variations sur
le thème des jeux de pouvoir sont présents au fil des 42 chapitres
du livre de Woodward. Rien n'est épargner, même la petite colère
du Prince parce que son jouet - Jeff Sessions - est brisé.
À
travers ces péripéties, ce que l'on voit de la présidence et de la
marque Trump, c'est le croisement entre un entrepreneur et le
personnage arendtien que j'ai évoqué tout au long de cet essai.
C'est un homme avec une psychologie bien simple et virile : un
besoin constant d'être le plus fort, le plus puissant, d'être le
gagnant, d'être « The Man », d'être adulé et d'être
reconnu ainsi. C'est un Président qui concentre la puissance de sa
politique dans la parole de Chef du leader totalitaire qu'il cherche
à devenir. C'est une administration qui oriente ses politiques sur
les intérêts variés et inconstants d'une personne instable
émotionnellement. C'est finalement une cour qui rassemble une faune
prédatrice capable des pires instincts et aux commandes de l'empire
le plus puissant de la planète.
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