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Sur la religion

"La foi est comme l'amour: elle ne s'obtient pas par la contrainte. C'est dès lors une entreprise douteuse que de vouloir l'instaurer ou la consolider par des mesures étatiques: de même que la tentative de forcer l'amour engendre la haine, de même celle d'imposer la foi par la contrainte produit seulement une incroyance légitime. On peut favoriser la foi tout à fait indirectement, et par conséquent grâce à des arrangements préparés de longue date, c'est-à-dire en lui préparant un terrain favorable, sur lequel elle grandirait. L'ignorance est ce sol."

C'est lorsque j'étais un gamin de 12 ans que j'ai vraiment commencer à faire une réflexion sur la foi. Avant ce moment, tout n'était qu'un enseignement sympathique comparable aux mythes comme celui de la fée des dents et du Père Noël. Je me rappelle d'une fin de semaine en retraite dans un presbytère où nous devions tous trouver notre message de foi envers le Christ notre seigneur. C'est après un long moment de réflexion que toute ma candeur de jeunesse s'illumina au travers de ce message: "Jésus Christ existe en nous, car nous en parlons encore aujourd'hui."

Il y a deux manières de discuter de religion: en théorie et en pratique. Dans "Sur la religion", un petit livre extrait de l'œuvre de Schopenhauer (Paralipomena - paragraphes 174-182), celui-ci décortique l'histoire des religions modernes sur ces deux plans afin de faire une mise au point des différentes réalités induites dans nos sociétés.

"La religion est la métaphysique du peuple et l'on doit simplement la lui laisser et la respecter de l'extérieur: la discréditer, c'est la lui enlever." Démophèle à Philalèthe.

Pour Schopenhauer, la disctinction de degré qui différencie l'homme aux animaux, c'est surtout un besoin de métaphysique afin d'expliquer ce qu'on ne peut comprendre. Dans mon cas, c'est avec mes études de sciences pures, puis celles de sciences de la santé, en plus l'ouverture de mes yeux sur la laideur du monde qui m'ont peu à peu éloigné de ce sentier illuminé de l'idéalisme d'autant de croyants et de la sécurité d'une ontologie assise sur la pensée ultime qu'à travers une existence remplie de vertu on atteint l'arrière-monde de la divinité. 

Le parcours prit une bonne dizaine d'années à s'effectuer et cette réflexion spirituelle est présente en chacun de nous et à tout moment de notre vie. 

"Avant de philosopher, il faut subvenir à ses besoins matériels et accumuler de l'expérience en profitant de la vie."

En effet, c'est surtout pourquoi il est temps facile d'endoctriner des enfants pour leur faire croire aux mythes et aux légendes. La connaissance n'étant que perpétuellement un processus où nous comparons des influx nerveux à ceux des événements déjà passés, comment est-ce qu'un enfant pourrait ne pas avoir la foi en quelque chose de plus grand que soi?

Les religions, ayant comme but pratique d'immuniser la société à l'appelle de la horde est sans aucun doute la réflexion la plus originale de Schopenhauer. Mais afin de valider cette hypothèse, il est difficile d'évacuer deux mille ans de judéo-christianisme en plus de faire face au péril croissant d'un islam politique en pleine possession de ses moyens.

Considérant ces multiples sources de conflits lorsqu'on aborde l'épineux dossier de la religion, j'ai choisi de pratiquer l'athéisme tranquille. Il est tout à fait possible pour un athée de vivre une spiritualité et même d'en discuter avec toute sorte de croyant. 

"En ce sens, la religion ressemble à celui qui prendrait et conduirait par la main un aveugle, parce que celui-ci ne peut voir lui-même et qu'il s'agit seulement pour le guide d'atteindre à un but, non de tout voir."

Tout est une question de perspective.

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