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Guerre de l'information et mégapolitique : de l'État-nation à l'Individu souverain

Guerre de l'information et mégapolitique : de l'État-nation à l'Individu souverain 

« In our views, the key to understanding how societies evolve is to understand factors that determine the costs and rewards of employing violence. Every human society, from the hunting band to the empire, has been informed by the interactions of megapolitical factors that set the prevailing version of the « laws of nature. » Life is always and everywhere complex. The lamb and the lion keep a delicate balance, interacting at the margin. If lions were suddenly more swift, they would catch prey that now escape. If lambs suddenly grew wings, lions would starve. The capacity to utilize and defend against violence is the crucial variable that alters life at the margin. » 

- (James Dale Davidson et Lord William Rees-Mogg, The Sovereign Individual, 1997) 

L'intérêt des livres de prospectives politiques peut se concevoir de deux manières. La première implique d'utiliser ces lectures comme un lumière orientée vers un futur incertain; d'appliquer la recette des auteurs mot à mot pour arriver à une résultat souhaité. La seconde tient plutôt de la méthode empirique. Juger de la perspective en comparant les postulats des auteurs avec les événements contemporains; utiliser cette loupe afin de retracer les pas de l'histoire, puis de développer des stratégies générales à mettre en oeuvre suivant les situations spécifiques. Certains prospectivistes comme Emmanuel Todd, mais aussi Davidson et Rees-Mogg, sont arrivés à prévoir l'effondrement de l'Union Soviétique en avance et à partir d'informations imprécises et incomplètes. Cette capacité à prévoir est indispensable à l'intérieur de la société de l'information. Encore dernièrement, nombre d'industries, d'individus et d'États se sont trouvés les culottes baissées quand ils ont appris deux mois trop tard qu'une pandémie virale allait frapper le coeur de leur économie, leur porte-feuille, leurs chaînes d'approvisionnement. En vérité, peu importe que vous ayez ou pas été témoin de l'effondrement du World Trade Center en 2001, pas mal tout le monde s'entend pour dire que le monde a changé, qu'il change encore et qu'il change de plus en plus rapidement. Même après 25 ans, « The Sovereign Individual, How to Survive and Thrive During the Collapse of the Welfare State » reste une lecture d'actualité. On a l'impression que Davidson et Rees-Mogg avaient en tête les événements des dernières années. Pour arriver à ces constats les deux auteurs libertariens nous proposent : 1) de prendre un pas de recul dans le temps et l'espace, d'étudier ce qu'ils appellent « la mégapolitique » de la violence sur terre, 2) d'analyser cette mégapolitique à l'aube de la « révolution de l'information », et 3) d'aller au bout de ces constats, jusqu'à la conception même des États-nations, jusqu'à la redéfinition du travail, jusqu'à la remise en question des modes traditionnels et surannés de l'organisation en société. C'est ainsi qu'ils annoncent l'avènement de « l'Individu souverain ». 
La mégapolitique et la dynamique évolutive de la violence 

« The concept of megapolitics is a powerful one. It helps illuminate some of the major mysteries of history : how governments rise and fall and what types of institutions they become; the timing and outcome of wars; patterns of economic propsperity and decline. By raising or lowering the costs and rewards of projecting power, megapolitics governs the ability of people to impose their will on others. This has been true from the earliest human societies onward. It still is. (...) The key to unlocking the implications of megapolitical change is understanding the factors that precipitate revolutions in the use of violence. These variables can be somewhat arbitrarily groupes into four categories : topography, climate, microbes and technology. 
« 1. Topography is a crucial factor, as evidenced by the fact that control of violence on the open seas has never been monopolized as it has on land. No government's laws have ever exclusively applied there.This is a matter of the utmost importance in understanding how the organization of violence and protection will evolve as the economy migrates to cyberspace.(...) 
« 2. Climate also helps set the boundaries within which brute force can be exercised. (...) 
« 3. Microbes convey power to harm or immunity from harm in ways that have often determined how power was exercised. (...) 
« 4. Technology has played by far the largest role in determining the costs and rewards of projecting power during the modern centuries. (...) Technology has several crucial dimensions : 
« A. Balance between offence and defense. The balance between the offense and the defense implied by prevailing weapons technology helps determine the scale of political organization. When offensive capabilities are rising, the ability to project power at a distance predominates, jurisdictions tend to consolidate, and governments form on a larger scale. At other times, like now, defensive capabilities are rising. The makes it more costly to project power outside of core areas. Jurisdictions tend to devolve, and big governments break down into smaller ones. 
« B. Equality and the predominance of the infantry. A key feature determining the degree of equility among citizens is the nature of weapons technology. Weapons that are relatively cheap, can be employed by nonprofessionals, and enhance the military importance of infantry tend to equalize power. (...) 
« C. Advantages and disadvantages of scale in violence. Another variable that helps determine whether there are a few large governments or many small ones is the scale of organization required to deploy the prevailing weapons. When there are increasing returns to violence, it is more rewarding to operate governments at a large scale, and they tend to get bigger. When a small group can command effective means of resisting an assault by a large group, which was the case during the Middle Ages, sovereignty tends to fragment. Small, independant autorities exercise many of the functions of government. (...) we believe that the Information Age will bring the dawn of cybersoldiers, who will be heralds of devolution. Cybersoldiers could be deployed notmerely by nation-states but by very small organizations, and even by individuals. Wars of the next millenium will include some almost bloodless battles fought with computers. 
« D. Economies of scale in production. Another important factor that weighs in the balance in determining whether ultimate power is exercised locally of from a distance is the scale of the predominant entreprises in which people gain their livelihoods. When crucial entreprises can function optimally only when they are organized on a large scale in an encompassing trading area, governments that expand to provide such a setting for entreprises under their protection may rake off enough additional wealth to pay the costs of maintaining a large political system. Under such conditions, the entire world economy usually functions more effectively where one supreme world power dominates all others, as the British Empire did in the nineteenth century. 
« But sometimes megapolitical variables combine to produce falling economies of scale. If the economic benefits of maintaining a large trading area dwindle, larger governments that previously prospered from exploiting the benefits of larger trading areas may begin to break apart – even if the balance of weaponery between offense and defense otherwise remains much as it had been. 
« E. Dispersal of technology. (...) When weapons or tools of production can be effectively hoarded or monopolized, they tend to centralize power. » 

- (James Dale Davidson et Lord William Rees-Mogg, The Sovereign Individual, 1997) 

Pour Davidson et Rees-Mogg il existe quatre grands facteurs mégapolitiques : 1) la topographie, 2) le climat, 3) les pathogènes (microbes) et le plus important 4) la technologie. Malheureusement pour nous ces quatre facteurs sont en pleine transformation, ce qui rend leur impact encore plus difficile à établir. Tout d'abord, à la géographie des frontières terrestres nous devons désormais ajouter le cyberespace, les orbites des satellites et les câbles de fibre optique situés aux fonds des mers. De même, nulle ne remettra en question les changements climatiques pour leurs effets concrets, mais beaucoup d'États ne verront pas du tout d'un mauvais oeil que leurs terres arables gagnent plusieurs semaines de climat tempéré par année. Plus près de nous encore, la pandémie actuelle démontre la puissance des pathogènes dans un monde mondialisé; capables de faire arrêter des économies entières. Finalement, l'impact de la technologie, le nerf de la guerre, ne peut qu'être constatée avec la montée en puissance des GAFAMs américaines (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) ou des BATX chinoises (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), devenus en moins de deux décennies les entreprises parmi les plus capitalisées au monde, de dimension quasi-étatique et capable de revendiquer des formes de souveraineté que l'on croyait réservées aux États-nations. 

Plus spécifiquement, la technologie comme élément mégapolitique a subi plusieurs évolutions récentes : A) avec l'arrivée des start-ups, la fin des grandes industrielles sous-performantes et la montée en flèche des coûts pour projeter sa puissance militaires, les États-nations ne peuvent plus occuper autant de territoire qu'avant. S'ils peuvent encore projeter leur puissance ils ne le peuvent que pour un moment circonscrit dans le temps. Le temps n'est plus à l'offensive des infanteries de l'ère industrielle et des tranchées des guerres mondiales, mais plutôt celui de la défensive et de l'explosion des fédérations qui ne garantissent plus assez de bénéfices pour les coûts associés pour traiter avec eux en tant que citoyen et marchand. B) À l'époque des guerres mondiales la qualité du soldats était à l'image d'une chaîne de montage : entraînement, équipement, instruction, tout était standardisé comme à la sortie de l'usine. Tout à l'opposé, l'époque actuelle est celle du grand jeu de l'espionnage, des programmeurs, des innovateurs, des entrepreneurs, des espions, des bandits, des mercenaires, des capitalistes. La spécialisation et la multiplication des agents de la mégapolitique mondiale augmentent les inégalités entre les individus, qu'ils soient cognitifs, économiques ou sociales. C) Les économies d'échelle dans l'application de la violence ont rendues possible les guerres mondiales, mais les coûts associés à l'application de cette violence ont explosés ces dernières décennies, en plus de résulter invariablement par l'échec des forces d'occupation pour tirer quelques profits de l'occupation. La petite guerre, la guérilla, peut mettre en échec une force de frappe comme celle des États-Unis. D) Avec les traités de libre-échange et la mondialisation des chaînes de montage les économies d'échelle pour la production industrielle ne sont plus au rendez-vous, ce qui rend plus attrayant les sous-contractants que les masses salariales immenses. E) Avec les micro-processeurs qui inondent le marché depuis plusieurs décennies, nous sommes arrivés à mettre dans les mains de presque tous les individus sur terre une mini-usine capable de « créer de la richesse » sans autre ressources que de l'énergie et de la créativité humaine. La dispersion de la technologie numérique est un événement aussi important dans l'histoire de l'humanité que la révolution de la poudre à canon qui permit de transformer chaque humain en soldat surpuissant capable de mettre à terre un chevalier en armure. 

Tous ces changements pris ensemble nous poussent à remettre en question le monopole de la projection de violence à grande échelle autrefois accordé aux États-nations. De plus il met en lumière un double-mouvement dans la « géopolitique mondiale » : 1) la perte d'efficacité de l'action politique au détriment de l'action économique et 2) la commercialisation de la souveraineté; ce double-mouvement rendant possible l'apparition des Individus souverains (Bill Gates, Warren Buffet, Georges Soros, Elon Musk par exemple) comme agents capables de liguer des intérêts dans le but de promouvoir des entreprises de toutes sortes, de portée mondiale. 
Qu'est-ce que la guerre de l'information? 

Ce n'est pas parce que le coût de la projection de la violence à l'étranger a explosé que les États-nations s'en retrouvent les pieds et mains liées. Pour Davidson et Rees-Mogg il est évident que les États-nations tenteront par tous les moyens de garder intact ce monopole de la violence et feront tout ce qu'ils peuvent pour éviter la fuite des Individus souverains – leur personne, leurs capitaux, leurs entreprises et les taxes associés – du marchandage à l'extortion. De même, les champs de bataille ne sont plus les mêmes qu'à l'époque des bombes atomiques et de la mitrailleuse : le théâtre de guerre est dans l'économie, dans les médias, dans la culture et dans la transmission de l'information. Il est impératif de modifier notre perception des conflits guerriers afin de voir venir les assauts qui ne tardent pas à arriver les uns après les autres. 

De la Grèce, prise sous les vagues de migrants-envahisseurs, envoyés par le régime islamiste turque, à la perte de souveraineté nucléaire des Français via le rachat de la firme d'entretien de ses turbines de réacteurs nucléaires par General Electrics, une firme américaine, les actes d'agression se multiplient depuis quelques années, mais personne ne parle de ces actions dans les médias de masse comme des « actes de guerre ». Pourtant, les États-nations encore puissants comme la Russie, le Japon et les États-Unis sont arrivés à mettre au point des stratégies pour contre-carrer les effets de la révolution de l'information. 

Pour arriver à acheter la firme d'entretien des turbines de réacteur appartement à Alstom, fleuron de l'industrie française, les États-Unis ont utilisés une stratégie alliant 1) le pouvoir exécutif américain, 2) les agences gouvernementales du pays, et 3) les intérêts corporatifs des grands capitalistes américains. L'histoire a été racontée maintes fois par les lanceurs d'alerte : la NSA (National Security Agency), capable de recueillir des informations provenant de partout sur la planète, reçoit une alerte pour chaque contrat gouvernemental de plus de 100 millions de dollars américain. Le département d'État (State department) et l'exécutif sont mis au courant du noms des firmes étrangères qui font une sousmission pour ces contrats. Les agences américaines (IRS, NSA, FBI, CIA) enquêtent sur les firmes étrangères puis envoient tout ce qu'ils trouvent afin de monter un dossier judiciaire contre les firmes qui seraient trop « compétitrices » face aux firmes américaines. Finalement, les entreprises américaines poursuivent les firmes concurrentes devant des tribunaux de commerce pour concurrence déloyale pendant que l'État américain poursuit les firmes à partir de « l'extra-territorialité du droit américain », en plus d'emprisonner le personnel exécutif étranger dans le but de les « retourner » contre leurs employeurs. Pour plus de détails vous pouvez lire le livre de Frédéric Pierucci, « Le piège américain », autrefois vice-président sous-contractant pour Alstom et otage du régime américain. 

Nous pourrions retracer les mêmes détails dans le dépeçage de la C-Series de Bombardier (poursuivi par Boeing pour concurrence déloyale) donnée gratuitement à Airbus comme une prise de piraterie. Ajoutons aussi Rona qui fût achetée par les Américains avec la – fausse – promesse de garder des emplois dans la province. Nous pouvons aussi parler de l'affaire Carlos Ghosn – qui sera l'intrigue d'un film produit par Netflix – où ce dernier fût emprisonné par le gouvernement japonais dans un exemple frappant de « prise d'otage à des fins économies » rappelant les intrigues de thriller d'actions avec un héro qui doit fuire l'emprise des Yakuzah. Finalement, prenons exemple sur les « fermes à trolls » russes ou sur la firme « Cambridge Analytica » qui, chacun à leur manière, sont capables d'influencer le cours des élections démocratiques occidentales de manière non négligeable. Il faut se rendre à l'évidence, nous sommes en pleine guerre économique et cette guerre joue sur le fait que les acteurs politiques, économiques... intellectuels, sont incapables de concevoir le champs de bataille du 21e siècle dans sa complexité et son entièreté. 
La guerre contre le covid-19 

L'année 2020 a débutée avec une rumeur qui prit des proportions mondiales. Un virus chimère, un coronavirus habitant la flore microbienne d'une chauve-souris, fût transmis à un mammifère, possiblement un pangolin, puis s'est transmis à un humain d'un « wet market » situé au coeur de l'Empire du milieu. Malchance! La série de mutations qui a rendue possible la transmission du virus à un humain a rendue aussi possible la transmission entre les humains. La rumeur apparaît sur Reddit et quelques médecins chinois tirent l'alarme en décembre; le virus serait déjà propagé au point d'envoyer des dizaines de patients infectés à l'urgence. Le régime est lent à réagir et attend après les fêtes de fin d'année pour sortir les grands moyens. Trop tard. À peine six semaines depuis le début de la contagion la pandémie est effective. Trois mois plus tard, toute la planète est touchée. À titre de comparaison c'est en six mois que la grippe espagnole a traversé la planète. La mondialisation rend la transmission de virus, d'idées et d'informations plus rapides... jusqu'à se demander si la transmission est instantanée. 

La guerre contre ce virus a plusieurs fronts. C'est une guerre d'informations, une guerre économique et une guerre industrielle. 1) Informations : étudier le virus sous tous les angles : la transmission, le niveau de contagion, sa létalité, ses effets physiologiques, comment le dépister, comment traiter ses symptômes, quelles stratégies sanitaires à adopter par la santé publique pour éviter les morts et quels moyens à mettre en oeuvre pour enrayer la pandémie. 2) Économique : pendant que nous combattons la pandémie les économies sont presqu'à l'arrêt et il est impératif de concevoir des moyens comme des douanes sanitaires afin de prévenir tout autant la contagion et que la mortalité ou l'effondrement des chaînes d'approvisionnement et de l'économie. 3) Industrielle : les effets pathologiques du virus demandent des ressources en quantités industrielles : des masques chirurgicaux, des masques-filtres à particules fines, des gants, des médicaments, des blouses et tout l'équipement pour l'intubation et la ventilation pour les patients les plus touchés par le virus qui afflueront lors du « pic épidémique », mettant en danger le maintien des structures de soin du réseau de la santé. Nous ne pouvons tout simplement pas évaluer à l'avance des coûts suivant l'effondrement du système de santé et il est impératif que l'ensemble de la société soit mobilisée par l'ampleur du défi. 

Pour Davidson et Rees-Mogg l'âge de l'Individu souverain signifie « la fin de l'histoire » pour les États-nations. Je n'irais pas jusque là puisque je ne crois pas qu'il soit possible d'immuniser un territoire à certaines menaces – par exemple un virus – sans l'action des États-nations pour mettre en action un bien commun comme « la santé publique ». Bien que l'on voit très bien le repli des États-nations vers leurs centres urbains et que l'on voit les services publics être délaissés partout ailleurs, c'est face aux tragédies que les humains ont tendance à montrer le meilleur d'eux-mêmes. Ce jeu entre les Individus souverain, les États-nations et les nouvelles menaces du 21e siècle nous imposent de changer notre perspective des affaires publiques. Ce faisant, on se rend compte que le puritanisme intersectionnel, le millénarisme écologique et le dogmatisme marxiste sont des reliques du passé : les symboles de la corruption et de la médiocrité ambiante du milieu. De même, on voit aussi poindre à l'horizon une série de crises qui frapperont les États-nations les moins à même de répondre aux besoins des individus, qu'ils soient souverains ou nationalistes.

Commentaires

  1. "Ce faisant, on se rend compte que le puritanisme intersectionnel, le millénarisme écologique et le dogmatisme marxiste sont des reliques du passé : les symboles de la corruption et de la médiocrité ambiante du milieu." -

    J'aimerais bien voir un peu mieux quels sont les arguments qui vous poussent à cette conclusion. Je vais devoir continuer la lecture.

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