La science d'être parent, la
procréation assistée et la bioéthique
Depuis la sortie médiatique de Joël
Legendre au sujet des mères-porteuses, nous avons droit à un
règlement de compte en règle entre individus jouissant d'un
«privilège d'hétérosexuels fertiles» et une minorité demandant
une équité en matière de «droit à la filiation génétique». De
tout bord tout côté fusent jugements de valeurs, sophismes et
argumentaires émotifs sans pour autant que les acteurs sur la place
publique soient à même d'effleurer les concepts scientifiques et
bioéthiques qui sont invariablement mêlés au débat. Afin de
réorienter ce débat vers un terrain objectif, il est de notre
devoir de prendre une seconde de recul afin de se poser des questions
sur l'approche encourue ainsi que les corollaires d'une prise de
position sur l'enjeu technologique qu'est la procréation assistée.
La légitimité de la science et de la
bioéthique au sujet de la procréation assistée
Tout d'abord, la science est la somme
de deux facteurs : l'explication de phénomènes naturels ainsi
que le développement de technologies basées sur notre compréhension
de ces phénomènes naturels. La science, par ses institutions
présentes dans la société, s'évertue à rester neutre, objective
et extérieure aux prises de positions de la société. Elle gagne
ainsi en légitimité si elle est à même de respecter ces critères
bien simples. Ainsi, la science s'appuie sur des sources naturelles,
des connaissances validées objectivement et un aura de mystère qui
la rend imperméable aux profanes. Considérant tout cela, il est
tout à fait compréhensible que nous devrions se baser sur les
éléments de la société qui peuvent s'aventurer sur les thèmes
scientifiques, philosophiques et bioéthiques de ce débat afin de
débattre de la procréation assistée et non pas sur les profanes
imperméables aux concepts sus-mentionnés.
Le biais culturel de la société
occidentale dans la procréation assistée est due aux comportements
individualistes
La société occidentale est
culturellement biaisée dans son approche méthodologique; nous
percevons la société comme étant la somme de ses éléments
individuels. Ce biais implique que nous réduisons la société à un
fractionnement de ses composantes en faisant fi des interactions de
celles-ci. Ce penchant matérialiste implique que l'individu est la
somme de ses gènes et non pas la somme de son environnement humain,
des pratiques sociales et de la culture où grandi l'individu. Ce
déterminisme génétique nous fait voir la filiation génétique
comme étant supérieure à l'adoption. Ce qui est pourtant faux d'un
point de vue scientifique et sociologique.
Être parent c'est quoi?
Finalement, être parent est la somme
de l'environnement communautaire, des pratiques sociales et de la
culture que nous partageons avec notre progéniture et non pas une
question de gènes. Être parent, c'est l'éducation que l'on donne à
son enfant. Être parent, c'est le temps que nous accordons à des
êtres incomplets. Être parent, c'est les valeurs que nous projetons
au travers nos agissements.
Et l'éthique dans tout ça?
Gardant tout cela en compte, qu'est-ce
qui est mieux que la procréation assistée? La réponse est simple :
l'adoption. Nous devons nous ranger derrière une réforme du
processus d'adoption afin que tous aient droit à ce merveilleux
cadeau de la parentalité.
Commentaires
Enregistrer un commentaire